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Jonathan Pryce dans son armure dans Brazil
Rayon vert

« Brazil » de Terry Gilliam : Le rêve du dormeur totalitaire

11 novembre 2022
Le totalitarisme est une fête, proposition difficilement tenable. Terry Gilliam s'y accroche pourtant, en se donnant un évidant modèle (Le Procès d'Orson Welles) comme Jonas heureux dans le ventre de la baleine. Le carnaval baroque n'est cependant pas le meilleur moyen de rendre à Kafka ce que sa lucidité nous aura donné, qui tient moins du vacarme que du piaulement. Brazil est un samba endiablé et son auteur, un démiurge pressé semble-t-il de ne jamais traiter son sujet. Le film devient cependant réellement effrayant quand Sam Lowry, celui qui dort en courant après l'image de la femme de ses rêves, est l'activiste inconscient, z'ailé et zélé, d'une surchauffe du système dont l'emballement vérifie seulement que les rêveurs en sont les meilleurs alliés. On n'aurait rien vu à Brazil si l'on ne voyait pas, avec les deux hémisphères du cerveau totalitaire, social et mental, que la folie d'un homme résulte autant de son environnement qu'elle est le symptôme d'une profonde adéquation. Arbitraire et réversibilité généralisée. Quand le con à la fin s'endort les yeux grand ouverts, la ritournelle brésilienne qui berce le sommeil du rêveur se révèle la perceuse des caboches sans cervelle.
Léo (Eden Dambrine) avec sa famille dans leur champ de fleurs dans Close
Critique

« Close » de Lukas Dhont : Des larmes, du signifiant et pipi au lit

4 novembre 2022
Semblant découvrir ou inventer le mélodrame, Lukas Dhont se livre avec son second long métrage à un grand exercice d'exorcisme par les larmes et d'allégorisation constante, au gré de scènes et de plans pétris de sens. Échappant de peu au label "film d'humiliation à la belge", lequel compte maintenant quelques fleurons du genre, Close soulève tout de même à sa vision une question légitime : comment un film aussi lourd et naïf a-t-il pu remporter un Grand prix au Festival de Cannes ?
Matthias (Marin Grigore) et son fils tirant sur un ours dans le bois dans R.M.N.
Rayon vert

« R.M.N. » de Cristian Mungiu : La valse inachevée

2 novembre 2022
Dans R.M.N., la musique, pourtant sans cesse avortée, devient le seul moyen de dépasser les barrières du langage, de rêver à un monde où les individus se détachent de la haine et de la violence en parvenant enfin à s'accorder. Inspiré par In The Mood For Love de Wong Kar-wai, auquel R.M.N. répond en miroir, Cristian Mungiu filme un amour platonique qui ne se concrétise jamais, Mathias observant la maison comme un spectateur-voyeur devant une fenêtre-écran : un spectateur qui fantasmerait de vivre une grande histoire d’amour qui va à l'encontre de ses "principes", comme celle des personnages de Tony Leung et Maggie Cheung.
Gigi au volant de son véhicule dans "Les Aventures de Gigi la loi"
Rayon vert

« Les Aventures de Gigi la loi » d’Alessandro Comodin : Plus irréel que la fiction

31 octobre 2022
Au sein d'un sous-genre du cinéma d'auteur contemporain, lequel consiste à faire se rencontrer documentaire et fiction tout en laissant planer le doute sur la frontière entre les deux, Les Aventures de Gigi la loi d'Alessandro Comodin se démarque notamment grâce à son personnage, le truculent et atypique Gigi, qui est en lui-même à la fois le sujet du documentaire et le sujet de la fiction. Par sa propension à se raconter des histoires, il fait de sa propre vie une entité floue, entre réalité et fiction.
Leon (Artur Steranko) dans la chambre d'Anna dans Quatre nuits avec Anna
Rayon vert

« Quatre nuits avec Anna » de Jerzy Skolimowski : L'enfance de l'homme

26 octobre 2022
Qui est donc Léon, personnage autiste, pour qui l'amour est fantasme trouble et dévotion délicate dans Quatre nuits avec Anna ? Un criminel ? Un innocent ? Un homme, rien moins que cela, qui se joint à la cohorte de tous les autres égarés de naissance, dont Jerzy Skolimowski filme le sort qui leur est réservé dans un monde où l'innocence sera toujours coupable.
Shirley MacLaine, Debra Winger et Jack Nicholson dans Tendres Passions
Rayon vert

« Tendres Passions » de James L. Brooks : La mort par surprise, la vie qui s’apprend

26 octobre 2022
Tendres Passions est absolument merveilleux, d’une délicatesse infinie, et puis surprenant avec des choses simples, comme s’il s’agissait à chaque fois de relever ce qu’il y a de singulier dans le quelconque. Le film de James L. Brooks prend le temps nécessaire pour extraire du simple la liqueur des émotions difficiles en évitant tous les pièges. Comme si la comédie était un masque de pudeur pour le mélodrame, que l’on n’avait pas vu venir et qui arrive sans crier gare. Alors c’est une vie entière dont la mort précipite l’exemplarité qui en rachète l’injustice. On découvre que le narrateur était en fait un fin stratège, et son film d’être une tragédie rédimée par un stoïcisme qui aura été discrètement enseigné sans jamais avoir été professé.
Jean Dujardin sur le terrain de l'attentat dans Novembre
Critique

« Novembre » de Cédric Jimenez : La guerre de civilisation ? Les incivilités d’une fiction

22 octobre 2022
Hier, quand on pensait machine de guerre, on pensait à Gilles Deleuze, à sa pensée machinique et les connexions nécessaires aux agencements expérimentant l’équivalence entre la création et la résistance aux micro-fascismes. Aujourd’hui, il y a des machines de guerre qui sont des films de guerre qui prennent activement leur part dans la guerre en cours, qui n’est pas seulement le combat de l’État contre l’islamisme mais une guerre de civilisation, cette machine de guerre idéologique à l’heure où l’extrême-droite est devenue hégémonique. Novembre, qui est très loin d’annoncer le frimaire du cinéma, préfère donner dans la frime d’un enrégimentement volontaire rabattant la lutte antiterroriste sur le clash des civilisations.
Michael Myers dans les escaliers de la maison dans Halloween Ends
Le Majeur en crise

« Halloween Ends » de David Gordon Green : Michael Myers, col bleu du slasher

15 octobre 2022
Halloween Ends est le dernier des derniers chapitres - promis, juré - d'une vieille histoire de maltraitance, l'enfant Michael Myers, notre enfance. Le film qui veut littéralement achever la saga initiée par John Carpenter et Debrah Hill raconte aussi comment Hollywood finit : de la cuisine à la casse qui est un placard pour la lutte des classes.
La grotte dans Il Buco
Rayon vert

« Il Buco » de Michelangelo Frammartino : L’abîme pour un monde

14 octobre 2022
Il Buco de Michelangelo Frammartino nous plonge dans un trou noir, un territoire vierge encore inexploré qui aurait attendu, tapis dans l’ombre, que l’homme vienne s’y enfouir. En s’emparant d’une expédition spéléologique à priori banale, le film documente notre rapport au monde en dépouillant la vérité spéciste de tous les oripeaux dont on l’a revêtu.
Alan Bates crie sur la plage dans Le Cri du sorcier
Rayon vert

« Le Cri du sorcier » de Jerzy Skolimowski : Parasite, intouchable, bélier

13 octobre 2022
Le Cri du sorcier est un film biscornu, avec ses brisures et ses embardées, raccord avec les déhanchés caractérisant les films tournés en Angleterre par un exilé polonais. Les hypothèses levées par un récit indécidable sont des zébrures qui font fourcher l'interprétation, rappelée au désordre de ses délires. Miroitant et fêlé, Le Cri du sorcier est le récit d'une foi perdue comme un cri qui vient de l'intérieur, l'histoire d'un délirant, peut-être faussaire, dont la folie est un dedans coïncidant avec le dehors qui est chaos, au-delà du vrai et du faux. Le cinéma de Jerzy Skolimowski tient de l'étonnement en tant qu'il est un tonnerre d'époumonement.
L'âne regarde la caméra dans EO
Rayon vert

« EO » de Jerzy Skolimowski : Ulysse était un âne

10 octobre 2022
Loin d’être le récit stylisé d’une descente aux enfers au service du seul plaidoyer écologiste, l’épopée d’EO, l'âne de Jerzy Skolimowski, remotive la thématique de l’exil pour en faire le lieu fondamental de la rencontre, et rejoint donc ce que le cinéma peut nous offrir de plus riche : non pas la leçon de morale que nous serions en droit de recevoir, mais une expérience sensorielle qui nous éloigne de nous-même et de nos lieux d’ancrage pour nous contraindre, avec cet âne, à refondre notre rapport au monde. En faisant d’EO un véritable manifeste animiste construit autour de l’épopée animale de son âne, Skolimowski fait œuvre d’engagement sans verser dans le cynisme. Il ne tourne finalement pas le dos à l’humain, ne le pointe pas du doigt avec mépris non plus : il s’adresse sans cesse à lui dans la dynamique de rencontre qui anime le cœur même de son film.
Joseph Engel et Sara Montpetit couché dans le lit dans Falcon Lake
Rayon vert

« Falcon Lake » de Charlotte Le Bon : La boucle d'Houdini

7 octobre 2022
Film de fantômes autant que film-fantôme, récit de l'éveil du désir et du passage à l'adolescence, souvenir d'une histoire d'amour à l'intensité incomparable, réflexion sur la mort et la hantise qui est un des plus grands pouvoirs du cinéma, Falcon Lake de Charlotte Le Bon réussit l'exploit de traiter tous ces sujets sans aucune fausse note et, par là, s'impose comme un des plus beaux films "réalistes" situés à la lisière du fantastique vu ces dernières années.
Jean, le père du cinéaste, se filme dans "Le Film de mon père"
FIFF

« Le Film de mon père » de Jules Guarneri : La caméra est un fantôme

5 octobre 2022
En filmant sa famille "de l'intérieur", et plus particulièrement son père Jean, figure excentrique à la fois empathique et envahissante, Jules Guarneri s'exposait aux tares de l'autofiction voyeuriste façon « Strip-tease ». Il les contourne à moitié en instillant dans un cadre précis, parfois malaisant, une hétérogénéité et une porosité qui se devinent entre les lignes, qui se méritent. Avec sa caméra-fantôme, Le Film de mon père déploie un véritable discours sur la hantise sous toutes ses formes.
Louis Garrel se fait "diriger" par Roschdy Zem dans "L'Innocent"
FIFF

« L’Innocent » de Louis Garrel : Jouer et déjouer (les attentes)

29 septembre 2022
Après une première partie assommante dans le registre de la comédie de quiproquos sur fond social, dans laquelle Louis Garrel laisse ses acteurs - y compris lui-même - en roue libre, le film se retourne à l'occasion d'une scène théorique sur le jeu d'acteurs, avant de s'acheminer vers un final qui déjoue les attentes. Plus réflexif et moins convenu qu'il n'en a l'air, L'Innocent est éminemment ludique.
Sami Slimane en Jésus christique dans Athena
Critique

« Athena » de Romain Gavras : Le capitaine Flam est-il fasciste ?

28 septembre 2022
Athena, dernier film en date de Romain Gavras, fournit, à son corps défendant, les images d’une guerre civile que d’aucuns fantasment quotidiennement, alimentant le ventre de la bête immonde dont il entendait pourtant se défendre. Paradoxalement, à se situer politiquement contre l’extrême-droite, Athena, à force d’être contre devient antipode, se situe tout contre, jusqu’à en épouser les formes autant que les forces réactionnaires.
Jean-Luc Godard avec une rose en bouche dans Histoire(s) du cinéma
Esthétique

Jean-Luc Godard : Révolution dans la révolution

27 septembre 2022
On n’a jamais été aussi seul, jamais aussi solitaire et peuplé – du cinéma de Jean-Luc Godard. Le cinéma aura été pour lui une passion aussi bien insurrectionnelle que résurrectionnelle : une révolution. « Il doit y avoir une révolution » est l’un des derniers envois, l’une des dernières adresses du Livre d’image (2018). Une révolution dans la révolution, révolution (du cinéma par Jean-Luc Godard) dans la révolution (du monde par le cinéma). Jean-Luc Godard n’est pas le nom propre d’un auteur de films, c’est le nom commun d’une pensée partagée. Une pensée de cinéma partagée par le cinéma, une pensée partagée, en partage et dont le partage est celui d’une non réconciliation essentielle – la révolution qui reste encore à venir. On n’a jamais été aussi seul, jamais aussi solitaire et peuplé. Mais – la phrase d’Elias Canetti est l’une des dernières que Jean-Luc Godard aura ruminée dans sa longue vieillesse, son enfance qu’il aura faite – on n’est jamais assez triste pour faire que le monde soit meilleur.
Florence Pugh et Harry Styles forment le couple "parfait" dans "Don't Worry Darling"
Critique

« Don’t Worry Darling » d’Olivia Wilde : Coquille vide

24 septembre 2022
Bel objet concocté avec savoir-faire, Don't Worry Darling d'Olivia Wilde entretient son "mystère" de manière roublarde durant les trois quarts de sa durée avant de révéler avec fracas son vrai sujet, son "message". Presque aussi stérile que la mini-polémique qui le précède, le film pâtit de l'allégorie de la coquille vide qu'il met en place dès ses premières scènes, tant il en est une également.
Kim Joo-hyuk parle à une femme dans la rue dans Yourself and Yours
Rayon vert

« Yourself and Yours » de Hong Sang-soo : Soi-même comme un autre

19 septembre 2022
Le cinéma d’Hong Sang-soo ne serait-il pas (trop) répétitif, dans ses motifs, ses intrigues autant que dans sa mise en scène, pour ne pas dire pantouflard-petit-bourgeois ? La critique est récurrente, notamment au Japon. Yourself and Yours montre au contraire, par l’énonciation d’une loi physico-cinématographique, que de la répétition naîtrait la variation. Une manière de déconstruire une autre idée reçue selon laquelle Yourself and Yours serait à l’articulation de deux périodes cinématographiques distinctes, la première tournée vers les autres, la seconde sur soi, celles-ci étant au fond amoureusement enchevêtrés dans le film comme chacun des personnages chez le cinéaste.
Areum (Kim Min-hee) dans la maison d'édition où elle travaille dans Le jour d'après
Rayon vert

« Le Jour d’après » de Hong Sang-soo : Croire pour évoluer

18 septembre 2022
Si Le Jour d’après est un des films les plus graves d’Hong Sang-soo, celui-ci offre une réflexion aussi subtile que passionnante sur la question de la croyance, consolatrice, qui permet au personnage d’avancer. Tout n’est finalement, chez Hong Sang-soo, qu’une question de croyance. Il faut croire au pouvoir de la fiction pour que celle-ci devienne réalité.
La jeune femme (Kim Min-hee) écrivant sur son ordinateur dans le café de Grass
Rayon vert

« Grass » de Hong Sang-soo : Le temps d'un instantané

18 septembre 2022
De toutes les variations temporelles et formelles du cinéma de Hong Sang-Soo, celle de Grass se rapproche peut-être le plus du souvenir compris comme un instantané. D'une ombre se reflétant sur un mur aux trois photographies des lieux vidés de ses personnages à la fin du film, c'est donc aussi de l'effacement dont il est question. Grass montre ainsi des lieux où le temps passe comme partout. Un café, une rue, des milliers de vies de passage, et quelques instantanés qui restent.
Kim Min-hee et Isabelle Huppert discutent sur la plage dans La Caméra de Claire
Rayon vert

« La Caméra de Claire » d’Hong Sang-soo : Voir double

18 septembre 2022
Regarder à nouveau et très lentement : cette maxime invite à lire La Caméra de Claire sous le prisme de la répétition et du redoublement. C’est par ce motif que son héroïne, Manhee (Kim Min-hee), semble acquérir un nouveau regard sur elle-même et sur ce qui l’entoure. C'est ainsi que chez Hong Sang-soo, les images peuvent réconcilier avec la vie.
Haewon (Jeong Eun-Chae) embrasse un garçon devant un temple dans Haewon et les hommes
Rayon vert

« Haewon et les hommes » de Hong Sang-soo : De la thèse au sentiment

18 septembre 2022
Le malaise et l’angoisse de l’impératif social du mariage en Corée du Sud sont sûrement ce que Hong Sang-soo sait le mieux montrer avec son art. De cette situation singulière, il extrait sa dimension universelle en la représentant toujours dans les complications d’une histoire d’amour. Avec son film Haewon et les hommes, pour restituer le trouble des passions interdites dans une société contraignante, le cinéaste trouve, à partir d’un essai de sociologie, de précieuses idées de cinéma.
Le milliardaire russe prend en photo sa femme sur le croisière dans Sans filtre
Critique

« Sans filtre » de Ruben Östlund : La bêtise durera toujours...

18 septembre 2022
Dire que Sans filtre de Ruben Östlund donne un aperçu de l'état du monde relève de l'hérésie. Ce film profondément misanthrope, avec son incapacité à saisir quoi que ce soit de l'état actuel d'une société assombrie par les crises économiques et migratoires, est une pochade souvent odieuse qui ne vaut pas plus qu'une dissertation du niveau d'un lycéen crâneur, laissant toute pointe d'humanité à quai.
Vincent Lindon et Juliette Binoche s'enlacent dans Avec amour et acharnement
Critique

« Avec amour et acharnement » de Claire Denis : La tristesse au fond

17 septembre 2022
On a longtemps aimé le cinéma de Claire Denis parce qu’il était immunisé contre l’hystérie. Désormais l’hystérie l’a emporté, dans les grandes largeurs qui sont d’abyssales profondeurs. C’est un débondage en règle, les vannes grandes ouvertes menant à un tout petit siphon. L’hystérie est un naufrage et Claire Denis s’acharne à y engloutir l’amour que l’on pouvait avoir pour son cinéma. L’hystérie est la dernière métaphysique dont se repaît le cinéma français et se livrer à son hégémonie, qui est une tristesse et une détresse, c’est se faire l’otage sacrificiel des vedettes passées maître dans l’art d’en tirer profit, Juliette Binoche et Vincent Lindon. Dans Avec amour et acharnement , Claire Denis voudrait faire l’examen sérieux d’une hystérie haussée au niveau du malaise de civilisation, elle finit infectée par son sujet, otage de ses acteurs et captive de sa scénariste, comme l’enfant que dévore le divorce de ses parents.
Affiche du BIFFF 2022
BIFFF

BIFFF, la machine à démonter le temps

15 septembre 2022
Plusieurs années après avoir décrit l'ambiance particulière qui règne au BIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival), un festival de cinéma à part, nous revenons une nouvelle fois sur les expériences spectatorielles que l'on peut y faire, à travers cette édition singulière, celle des 40 ans, qui s'est déroulée - une fois n'est pas coutume, nous l'espérons - entre les murs du Palais 10 au Heysel. Dans cette grande machine à remonter, à stopper et à étirer le temps qu'est le BIFFF, le spectacle avait une fois de plus autant lieu dans la salle et hors de celle-ci que sur l'écran.
Tang Wei et Go Kyung-Pyo durant un interrogatoire policier dans Decision to Leave
Rayon vert

« Decision to Leave » de Park Chan-wook : Fragment d'un discours amoureux

12 septembre 2022
Comment penser l'impensable, la naissance d'un sentiment amoureux, le désir qui vient ? Par quel génie s'approcher de l'instant de grâce ? En se rapprochant au plus près de deux êtres, comme le fait Park Chan-wook dans Decision to Leave, en les filmant à la façon dont le papillon se rapprocherait de la flamme au risque de la brûlure.
Florent Dorin est "Le Visiteur du futur"
BIFFF

« Le Visiteur du futur » de François Descraques : La schizophrénie du second degré

8 septembre 2022
Version "cinéma" d'une web-série à l'humour décalé dans la veine de Kaamelott, Le Visiteur du futur apparaît comme un produit éminemment schizophrène, peinant à se trouver entre un second degré constant et une véritable ambition de film de SF. C'est paradoxalement dans un emprunt à un autre film de série B, lors de son climax, que le film se pose enfin et parvient à susciter une émotion au premier degré, jusqu'alors inespérée.
Sarah (Karen Gillan) apprend à se battre pour le "Dual" avec son coach (Aaron Paul)
BIFFF

« Dual » : La comédie dépressive selon Riley Stearns

7 septembre 2022
Pour son troisième long métrage, Riley Stearns s'aventure sur les terrains balisés de la science-fiction contemporaine et des histoires de clones, mais parvient à couler dans ce moule attendu un récit ambigu et désespéré, tout en y instillant une réelle originalité et en restant fidèle à son style singulier, entre comédie dépressive et humour abstrait. Si Dual semble parfois basculer du côté de la misanthropie, le film se rattrape toujours de justesse par des pirouettes inattendues et des trouvailles ludiques.
Marcel (Benoît Poelvoorde) et Gloria (Alba Gaïa Bellugi) s'embrassant dans le couloir dans Inexorable
Rayon vert

« Inexorable » de Fabrice Du Welz : La mécanique de l'empêtrement

4 septembre 2022
Pour avoir quitté le temps de leur enfance qu'ils croient celui de l'insouciance, les hommes rêvent volontiers d'une innocence enfin retrouvée qui les réconcilieraient avec la vie. Fabrice Du Welz les met à l'épreuve en mettant en place une œuvre singulière, un répons de fou ardent, un chant alterné renvoyant aux films précédents : un cinéma de l'empêtrement, en atteste Inexorable, où le temps de l'enfance n'a jamais été celui de l'insouciance, où l'innocence n'est qu'un rêve, une manière de regarder l'homme devant sa débâcle.
dans Trois mille ans à t'attendre
Critique

« Trois mille ans à t'attendre » de George Miller : We Don't Need Another (Magical) Negro

30 août 2022
Comment croire aux récits quand triomphe la narratologie ? L'expertise est une accumulation saturée de savoirs qui finit en désamour de la connaissance elle-même. La science des récits est mutilée tant qu'elle n'accueille pas dans son lit le démon de la narration, qui est un bon génie. Les fiançailles du mythos et du logos devront être aussi les retrouvailles amoureuses de l'orient et de l'occident. Mais dans Trois mille ans à t'attendre il s'agit d'un amour particulier, celui d'une bourgeoise blanche et vieillissante revenant à la vie dans les bras d'un bel oriental, peau d'ébène et bien musclé. Dans la boîte aux loukoums rêvant de L'Aventure de Madame Muir de Joseph L. Mankiewicz, on finit par retomber sur l'os de ce pauvre vieux « Magical Negro ».
Esther (Isabelle Fuhrman) touche les œufs en or dans Esther 2 : Les Origines
Le Majeur en crise

« Esther 2 : Les Origines » de William Brent Bell : Le secret derrière la grille

30 août 2022
Esther 2 : Les Origines déjoue le programme attendu du home invasion en se montrant bien plus riche que le premier volet de la franchise. Les valeurs familialistes sont retournées comme une crêpe et se révèlent opérantes qu'en apparence. Le film est aussi sous influence hitchcockienne dans la manière dont le désir et les pulsions sexuelles et/ou morbides le traversent.
James Stewart au procès dans Autopsie d'un meurtre
Esthétique

« Autopsie d'un meurtre » d'Otto Preminger : Sauver les apparences, s'en défendre

27 août 2022
L'image est bonheur mais près d'elle séjourne le néant. Comme on y pense devant la fin d'Autopsie d'un meurtre d'Otto Preminger, avec cette poubelle remplie de déchets qui sont l'indice matériel d'une abjection morale. Du bonheur à l'ordure il y va encore du hors-champ, qui est le réel dont se soutient la représentation, l'irreprésentable qui revient au spectateur en ne confondant pas vérité et véridicité. C'est au prix de ce distinguo, qui est une affaire de travelling et de morale, que le grand cinéma classique s'est évertué à sauver les apparences. C'est à ce prix qu'Autopsie d'un meurtre est l'autoportrait de son auteur – un ottoportrait.
Xan (Luis Zahera) et Antoine (Denis Ménochet) parlent à table au bar dans As Bestas
Critique

« As Bestas » de Rodrigo Sorogoyen : Bêtes (à manger du foin)

24 août 2022
Bête et bêtise : deux mots plus que jamais liés dans As Bestas et tout le cinéma de Rodrigo Sorogoyen. En tant que spectateur, nous attendons autre chose que de nous faire balader bêtement avec des artifices de scénario et de mise en scène qui ne dépassent jamais le programme imposé sur papier. Aux quatre films pachydermiques écrits par le duo Sorogoyen-Peña, on leur préférera le très étrange Stockholm, réalisé en 2013, qui portait la promesse d'un tout autre cinéma.
Tahar Rahim dans la prison dans Désigné coupable
Le Majeur en crise

« Désigné coupable » de Kevin McDonald : La Constitution des États-Unis, l’autre conquête de l’Ouest ?

17 août 2022
Le thème de la frontière, notamment dans le cinéma nord-américain, n’a jamais cessé de produire une certaine image de l’Amérique, confiante ou défaite, comme la mise en récit de la construction d’un peuple singulier. À cette histoire de la frontière, dont la conquête de l’Ouest est le pendant quasi naturel, qui a été tantôt physique, terrestre, mais aussi spatiale, mentale, autant que culturelle, économique, sociale... nombre de productions hollywoodiennes, comme le dernier film de Kevin McDonald, Désigné coupable, en attestent et y ajoutent la conquête du droit, soit la mise en norme comme la mise en règle d’une société donnée à travers ses commandements juridiques. Ou comment la Constitution des États-Unis apparaît comme l’autre conquête de son Ouest, mais pour produire un film sur le droit, dans le cas de Désigné coupable, prétendument critique à l’égard de la législation du Patriot Act, mais qui se parjure finalement lui-même, la reconduisant dans ses motifs comme ses principes.
Otis James (Daniel Kaluuya) à cheval dans le désert face aux extraterrestres dans Nope
Critique

« Nope » de Jordan Peele : Le magicien ose moins qu’il dose

12 août 2022
Le cinéma fait lever les yeux, le grand les écarquille, le bon en fait voir le blanc. Avec un troisième long-métrage qui demande contre toute une tradition de se méfier de ce qui vient du ciel, Jordan Peele aimerait souffler un peu d’air frais dans la sphère de la culture saturée. Mais l’enflure guette, même en ayant les pieds sur la terre du western. Nope est exemplaire d’un cinéma si conscient de lui-même qu’il doit accomplir des prouesses pour simplement réussir à retomber sur ses pieds. Lever les yeux au ciel n’est pas sans danger, le risque étant celui de la voracité et de l’indigestion, ufologie pour ironiser et méta-cinéma pour tenter encore de moraliser le spectacle. Nope est un film littéralement gonflé, qui ne raconte rien sinon ce qu’il en est des blockbusters crevant les plafonds avant d’éclater comme des ballons.
Pierre (Jean Desailly) embrasse Nicole (Françoise Dorléac) dans son lit dans La Peau douce
Rayon vert

Aimer c'est voler, aimer c'est fuguer (sur deux films de François Truffaut)

11 août 2022
Vivre c'est voler du temps au temps et aimer n'est désirable que clandestinement. François Truffaut à sa manière poursuit Jacques Becker en continuant de filer à vive allure les histoires de l'homme pressé. Le temps presse, celui des contrats, des obligations et des devoirs et l'homme pressé bat la mesure de son désir en le dérobant comme s'il s'agissait de grappiller des intervalles, inserts de La Peau douce (1964) et parenthèses de L'Homme qui aimait les femmes (1977), autant de plaisirs volés comme les baisers. Le confort bourgeois n'a jamais empêché François Truffaut d'écrire sa propre version du Journal du voleur de Jean Genet.
Le Quai10 à Charleroi
Histoires de spectateurs

Une brève histoire d'amour et de cinéma au Quai10 de Charleroi

7 août 2022
Récit d'une brève histoire d'amour et de cinéma au Quai10 de Charleroi, un cinéma qui se pose à la fois comme un refuge pour les cinéphiles et un lieu possible de mélancolie. Ou comment penser l'avenir de la salle de cinéma au plus près de l'expérience spectatorielle.
Elsa Wolliaston dans le rôle de Magdala
Esthétique

« Magdala » de Damien Manivel : La puissance de l’esquisse

4 août 2022
En donnant a priori des « clés », des indices, à son spectateur afin de l'orienter vers une grille de lecture d'un film qui s'attache aux détails et à ce qu'ils peuvent évoquer en nous, Damien Manivel développe dans Magdala tout un art de l'esquisse et propose une expérience spectatorielle stimulante et réflexive.
River Phoenix dans A bout de course
Rayon vert

« À bout de course » de Sidney Lumet : L’art de la fugue

2 août 2022
Il y a dans À bout de course de Sidney Lumet une tension entre mouvement et fixité. Cette dualité traduit celle qui se trouve au cœur du récit, confrontant une famille vivant dans la clandestinité, constamment en fuite et donc en mouvement, et l’éveil du désir chez leur jeune fils de s’épanouir de manière plus conforme et sédentarisée.
Léonie et Eugénie mangent des huitres dans Un été comme ça
Rayon vert

« Un été comme ça » de Denis Côté : Anti-thérapie

26 juillet 2022
Au sein d’un paysage cinématographique constellé de films de deuil et de réparation, Un été comme ça de Denis Côté abandonne toute volonté de jouer les thérapeutes. Le récit se donne pleinement les moyens d’explorer le territoire des pulsions sexuelles pour mieux les comprendre.
Larry Murphy (Peter Strauss) gagne une course dans The Jericho Mile
Histoires de spectateurs

« The Jericho Mile » de Michael Mann : Le génie mannien de la mélancolie

24 juillet 2022
Michael Mann filme la solitude d’hommes, partagés par leurs tâches à accomplir et l’impossibilité pour eux de l’allier à une existence normale. Des hommes qui apprennent le métier de vivre, disait Pavese. S’agit-il pour autant d’y voir simplement la thématique du professionnalisme malade, de personnages n’ayant plus de prises sur le monde comme insiste Jean-Baptiste Thoret, Michael Mann poussant sans doute cette thématique plus loin quand ses acteurs sembleraient sortir d’un film d’Hawks, montrant l’inanité, la vacuité de leur professionnalisme ? L’absolue maîtrise de leur art pour ne mener nulle part ? Tant de professionnalisme pour rien, Michael Mann filme sûrement le vide absolu de l’action, mais non pas pour en dire l’inutile mais la vacuité sur le plan existentiel. En Amérique, si agir n’est plus la garantie d’un épanouissement personnel, quand c’était encore le cas chez Hawks, c’est surtout le produit d’une mélancolie à l’horizon indépassable. Voici donc le programme exposé, pour partie, dès son premier film, The Jericho Mile, en 1979 : la mélancolie, c’est la maladie du fait d’être homme.
Le jeune instituteur assis à coté de la chanteuse du village dans L'école au bout du monde
Rayon vert

« L'école du bout du monde » de Pawo Choyning Dorji : Trouver sa voix

22 juillet 2022
L'école du bout du monde de Pawo Choyning Dorji présente Ugyen comme une voix et l'écoute comme rapport au monde et aux personnages. Si le jeune instituteur cherche sa voie, c'est d'abord par le biais de sa propre voix. En retravaillant complètement le cliché de l'utilisation de la musique à des fins de rupture narrative et émotionnelle, le film constitue un contre-exemple où le chant occupe une place centrale dans l'évolution du personnage et son ouverture à de nouveaux possibles.
Yūsuke (Hidetoshi Nishijima) conduit par Misaki (Tōko Miura) dans Drive My Car
Rayon vert

« Drive My Car » de Ryūsuke Hamaguchi : La vie, malgré tout

18 juillet 2022
Que fait-on de ses morts ? Comment faire son deuil ? Drive My Car de Ryūsuke Hamaguchi, offre une réflexion sur ce jour maudit où chacun apprend la vérité des choses, la mort des roses.
Marguerite Duras et la critique : la romancière en train de lire
Esthétique

Critiques de la raison critique : Quand le vert de la terre

14 juillet 2022
Il y a des textes qui ont pour la question critique une valeur programmatique, d’autres sont des pragmatiques qui sacrifient à l’autobiographie. Les uns proposent une phénoménologie du spectateur doublée d’une éthique du spectateur critique, les autres exposent les écritures nécessaires à plonger dans la nuit avant la sortie au jour dans la garde persévérante de l’ombre. Il y a des textes qui situent les enjeux et s’ils sont des jeux de langage, ils sont aussi plus que cela, immunisés contre la tentation de la critique critique. Les lire c’est en accepter la question, c’est consentir à la faire sienne en répondant aux dérangements qu’ils provoquent, qui sont des déplacements sans lesquels la critique n’aurait rien à dire. La critique a des gestes et des actes qui sont des engagements, quoi qu’il en coûte. Les uns composent avec des silences qui sont des retranchements polémiques, les autres avec des secrets indiquant l’amour du cinéma, qui est le partage d’une expérience, celle d’un rapport au monde dont l’écriture est garante. Une manière d’être dont la mélancolie est tantôt visionnaire, tantôt anarchiste.
Peter von Kant filme son amant Amir
Rayon vert

« Peter von Kant » de François Ozon : Marre du cinéma

13 juillet 2022
En revisitant Les Larmes amères de Petra von Kant de Fassbinder, François Ozon laisse libre cours à son "troll" intérieur, adressant au passage un ostensible doigt d'honneur au cinéma. Sous le vernis d'une adaptation libre mais appliquée, plus théâtreuse que théâtrale, le "gendre idéal" du cinéma d'auteur contemporain laisse doucement instiller son venin jusqu'à un spectaculaire "pétage de câble", avant de revenir à la consensualité qui le caractérise en apparence.
Tori et Lokita face au Cuistot
Critique

« Tori et Lokita » de Jean-Pierre et Luc Dardenne : Mécanique de l’écrasement

11 juillet 2022
Avec Tori et Lokita, les frères Dardenne s'essaient au film coup-de-poing et plongent leur personnage principal, la pauvre Lokita, dans un tourbillon d'humiliations en tous genres dont le spectacle mécanique et métronomique ne peut conduire qu'à l'écrasement pur et simple de ce personnage sacrificiel. Si une piste est envisagée vers un salut possible, vers une dignité retrouvée, par l'intermédiaire de l'enfant sorcier Tori, la volonté unilatérale des Dardenne de faire de Lokita un "exemple" ne permet pas à cette piste-là de dépasser l'esquisse, et la porte entrouverte est bien vite refermée.
Buzz l'éclair, le jouet de Pixar
Critique

« Buzz l’éclair » : Pixar et la culture du navet

9 juillet 2022
Sorte de produit dérivé hybride, film inspiré d'un jouet tiré d'un film, « Buzz l’éclair » marque l'entrée de Pixar dans l'ère du pastiche, voire même du "navet" conscient de lui-même, comme en témoignerait un étrange dialogue inaugural. Tout, dans cet étrange produit, est en tout cas rompu au système Pixar et au fonctionnement de la machine Disney, qui semble avoir ainsi érigé l'autoparodie au rang d'art.
Alfredo et Afonso rejouent un tableau de Rubens dans "Feu Follet"
BRIFF

« Feu follet » de João Pedro Rodrigues : L’arbre et le phallus

9 juillet 2022
À travers une rêverie musicale et la fable d'un roi sans couronne qui veut devenir pompier pour protéger les arbres, João Pedro Rodrigues établit dans Feu Follet un lien entre une communion sexuelle et une communion avec la nature, avec comme ciment l'amitié et des images fortes comme autant d'allégories visuelles et textuelles auxquelles peut se raccrocher un spectateur invité à contempler cette fantaisie sexuelle et écologique flamboyante, comme un spectacle à la fois ouvert au monde et circonscrit à la forme donnée par son auteur.
Seth métamorphosé à la fin de "La Mouche"
Esthétique

Le corps, ses organes, son dehors : Sur trois fins de David Cronenberg

7 juillet 2022
Le cinéma de David Cronenberg a pour propension les organes et la débandade de leur organisation. La débandade des organes, la Bérézina des organisations, la morbidité des organismes : une foire aux atrocités dans les rapports de voracité de l'organique et de l'inorganique. Les organes prolifèrent, les organismes sont excédés, les organisations se délitent. Il y a pourtant un rêve qui se dépose à la fin des plus grands films, Videodrome (1982), La Mouche (1986) et Le Festin nu (1991). Ceux-là accueillent, avec la mort des accidentés de la technique, ces camés de la prothèse, ces toxicos de la machine qui sont des paranos de ses machinations, la libération d'un autre corps : le corps sans organes. Quand le corps sans organe est la mort, la vie du cinéma compose avec la décomposition des organes.
Des habitants du village polonais des images d'archives dans Three Minutes : A Lengthening
BRIFF

« Three Minutes : A Lengthening » de Bianca Stigter : Véracité d'une archive

5 juillet 2022
Avec Three Minutes : A Lengthening, Bianca Stigter apporte sa pierre à l'édifice de la très longue histoire de la représentation de la Shoah au cinéma. En travaillant uniquement au départ de trois minutes d'archives sur lesquelles se superposent des témoignages, elle fait se rencontrer deux traditions de pensée généralement opposées.
Carmen (Aline Küppenheim) dans la poterie au début de 1976
BRIFF

« 1976 » de Manuela Martelli : Petite histoire d'une seconde chance

4 juillet 2022
En faisant revivre le spectre d'une grand-mère partie trop tôt, 1976 est porté par un refus de la fatalité et de la tristesse. Loin de toute démonstration de force, Manuela Martelli, sous l'influence de Chantal Akerman, fait le choix d'une certaine forme de minimalisme pour raconter son histoire de seconde chance.