Analyse du discours idéologique de « L’Adieu à la nuit » d’André Téchiné, qui met en valeur les sermons et la morale des anciens tout autant que la question générale de l'aveuglement.
Avec « Santiago, Italia », Nanni Moretti applique au documentaire la recette bien connue de son cinéma : un engagement partial et intime. Il fait ainsi le pari de prendre à rebours certaines tendances morales du cinéma documentaire.
Marianne Basler évoque avec nous son travail avec Michael Hers, Paul Vecchiali, Jean-Pierre Mocky, Woody Allen, Christian Petzold ou encore Jacques Rivette.
D'une tragédie de l'histoire, de la farce noire de la mémoire : étude critique de la représentation à l'épreuve de l'histoire dans « Peu m'importe si l'histoire nous considère comme des barbares » de Radu Jude.
Troisième volet d’une série consacrée au cinéma de Patricia Mazuy, quelque part entre fiction et documentaire, « Basse Normandie » s’offre aux écarts du making-of à l’occasion d’une représentation des « Carnets du Sous-sol » de Dostoïevski.
Dumbo est un corps par lequel le réenchantement est possible. Ce qui a pour effet de briser la logique marchande du film et de laver les cœurs des personnages de leur noirceur.
Film majeur menacé par l'académisme décoratif autant que film mineur peuplé d'impromptues réjouissances, « Ragtime » de Miloš Forman s'avance pareil à son titre : syncopé.
Au dépays de Yoav, le paria de « Synonymes », Nadav Lapid construit une critique mi-tragique mi-rieuse de la culture comme colonialité et la langue comme obscénité, toutes deux expropriatrices.
Monté sur des chevaux de bascule oscillant entre raison et passion, Saint-Cyr, de Patricia Mazuy, raconte l'histoire du dressage et de ce qui l'excède : de l'animal, de la langue française et des jeunes filles du pensionnat de la Maison Royale de Saint-Louis.
L’imagination de Tim Burton est policière : elle juge, hiérarchise, oppose, nie. Elle est aussi animée par un esprit de revanche. « Edward aux mains d'argent », considéré pourtant comme un des meilleurs films du cinéaste, présente déjà toutes les caractéristiques de cet imaginaire policier.
« The Immigrant » prête l’oreille à de nombreuses questions de langage. Les différentes langues parlées et la manière dont les personnages s’expriment sont autant d’éléments moteurs d'un récit où les personnages tentent de s’affranchir de leur milieu comme de leurs démons intérieurs, en posant des mots sur leurs plaies.
Derrière les beaux sentiments, « Le Roi Lion » cache une série de contradictions : le discours de Zazu, le rabat-joie de service, finira par aboutir ; Timon et Pumba énoncent un message inaudible opposé à la fable disneyenne ; le projet « politique » de Scar s’avère tout aussi intenable dans un monde qui décrédibilise ses idées.
« La Ballade de Buster Scruggs » relève à la fois du célèbre nihilisme des frères Coen et d'une relecture de certaines paraboles de l'Ancien Testament. Ce mélange détonnant confère au film son étrange construction et, surtout, son impression d'absurdité ou de gratuité.
Dans l’Amérique fêlée des seventies, Jerry Schatzberg se penche avec douceur sur le road trip chaotique et attachant de deux marginaux que la vie a beaucoup roulés et trop bousculés. Pourtant, Max et Lion n’ont pas renoncé à lui faire un joli cadeau. Parce que tous les épouvantails ont le cœur tendre.
Espace, images, spectateurs, actrices : le salon de l’érotisme déploie une expérience qui n’a rien à envier au cinéma et aux performances mettant en scène la relation entre le "performer" et le spectateur. Avec, au bout du compte, une étrange expérience : celle de succomber à une image, et plus précisément à une actrice jouant à l’automate.
À l'œuvre dans « Grâce à Dieu » de François Ozon, le déni soutient à la fois le pacte cinématographique et un consensus social en forme de pacte idéologique. Et l'un de rendre gorge à l'autre, par des voies qui se soutiennent plus d'une éthique de l'esthétique que du civisme.
À travers le destin de Quiao et Bin, Jia Zhang-ke travaille à nouveau avec brio la porosité des genres en recourant au fantastique, à la fresque épique et à l'allégorie. Ce qui lui permet comme d'habitude de décrire, sur plusieurs décennies, la réalité socio-économique de la Chine.
Avec « Travolta et moi », son second long-métrage de fiction sorti en 1994, Patricia Mazuy contamine le naturalisme cinématographique par une passion fictionnelle et un amour du faux enfiévrés : Analyse.
Avec le Château de Cagliostro, paru sur les écrans japonais en 1979 et qui connait 40 ans après sa première sortie dans les salles françaises, Hayao Miyazaki met en forme les trois grands principes de son cinéma d'animation : le machinisme, le syncrétisme et l'ambivalence démiurgique.
Avec « Si Beale Street pouvait parler », la douceur du cinéma de Barry Jenkins devient le point d'ancrage d'une méthode anesthésiante, où le style hyper référencé du cinéaste (Wong Kar-Wai en tête) permet de faire passer plus facilement les clichés tout en atténuant la violence latente qui traverse le film.
Entretien avec Marta Bergman autour de la sortie de « Seule à mon mariage », son premier film, qui contourne les clichés du cinéma naturaliste et ceux entourant la communauté rom. La réalisatrice évoque ses choix narratifs et esthétiques ou son travail sur la musique et la personnalité de Pamela, le personnage principal du film.
Entièrement réalisé avec des marionnettes, « Dark Crystal » est pourtant profondément habité par des questions de corps. Comme si l’absence d’être humain et de corps en chair et en os était l’occasion idéale pour questionner les limites et les pouvoirs des yeux, des mains ou encore des voix.
Avec La Mule, Clint Eastwood revient au cœur de son cinéma, ce héros intouchable et impitoyable, têtu comme une mule parce qu’il est demeuré fidèle à l’exception d’une loi au-delà de la loi, dont la lettre ne s’écrit pas.
« Hotel by the River » relève à la fois de la rêverie et du mystère. Hong Sang-soo construit autour de cet hôtel au magnétisme étrange un film labyrinthique où, sur plusieurs niveaux de sens, les personnages rêvent peut-être ensemble tandis que le spectateur reste libre de choisir sa clé de lecture. Analyse.
Donbass de Sergeï Loznitsa est comme une poupée gigogne traditionnelle russe, une matriochka où s’emboîtent la réalité carnavalesque du nihilisme russe, une tentation fellinienne à la caricature et, malheureusement, un enthousiasme lesté d'idéologie.
« Continuer » n'apporte pas le bol d'air frais dont le cinéma de Joachim Lafosse avait tant besoin. Ce n'est qu'un triste film psychologique de plus, manipulateur et bourré de clichés, dans la filmographie d'un metteur en scène indécrottable que rien ne semble pouvoir arracher à sa posture de "petit instituteur".
Si le remake de « Suspiria » n’échappe pas au maniérisme grand style coutumier de Luca Guadignino, cette nouvelle version du chef d’œuvre de Dario Argento continue de susciter l’intérêt du spectateur avide d’en creuser les marges.
Avec « Doubles vies », Olivier Assayas ne cherche pas à souligner l’opposition attendue entre le livre et le numérique, le réel et la dépravation dans le virtuel. Il dépeint d’abord l’adaptation des hommes à une nouvelle ère : le film se présente ainsi comme une réflexion sur le futur de cette réalité hybride, constituée de croisements entre ce qui tient de l'humain et du numérique.
Avec « La Favorite », le cinéma de Yorgos Lanthimos opère peut-être un changement de cap décisif et définitif. Il se dirigerait vers des voies moins cérébrales et formalistes en dépliant son récit sur deux niveaux de lecture laissant autant de place aux paraboles et autres métaphores qu'aux affects.
41 épiphanies pour autant d'occasions de ne pas faire de top cinéma 2018 : ni hiérarchie, ni jugement de goût, rien que le passage d'affects quelque part entre les écrans de cinéma et les pensées et les corps des spectateurs.
Sous une apparente maladresse, les personnages de Black Adder, Mister Bean et Johnny English ne racontent qu'une histoire : celle de la fourberie de Rowan Atkinson, qui drape la médisance et une certaine méchanceté avec un voile de ruse et d'élégance.
Rencontre avec Saad Chakali et Alexia Roux à propos de leur ouvrage « Humanité restante, Penser l'événement avec The Leftovers » paru chez L'Harmattan en septembre 2018.
« Gone Girl » pose une nouvelle fois la question de la place qu'occupent la littérature et les jeux de société dans le cinéma de David Fincher. Au départ du jeu « Destins », auquel joue Nick, comment le cinéaste développe-t-il le parcours d'Amy en parallèle avec la version littéraire de celle-ci, "La Petite Amy" ?
Il aura fallu passer par le Leningrad du début des années 80 et « Leto » pour se réjouir à nouveau de ce que l’on n’a pourtant jamais cessé de savoir : le rock est une culture libertaire couturée d’histoires bouleversantes d’amitié, c’est aussi une discipline de l’émancipation individuelle et collective.
« Bienvenue à Gattaca » affiche une simplicité étudiée. C’est dans une succession lente, où seuls changent les cadrages qui passent des corps aux visages pour révéler le processus d’humanisation des relations inter-personnages, que réside la poésie singulière du film, où les êtres expriment leur beauté plastique et leur âme.
Avec « Une Affaire de famille », Hirokazu Kore-eda raconte l'histoire d'un printemps qui se prépare, malgré tout, sur les ruines verdoyantes d'une double utopie : les existences d'une Maison de tous les possibles et d'une Famille idéale.
Analyse de Tel père tel fils de Kore-Eda à partir de ce qui fait émeute dans le film : l’image adulée de la popstar Masaharu Fukuyama, les mots entêtés de Shôgen Hwang, le regard spectral de Keita Nonomiya. Car il n'y a de filiation et de transmission que lorsque les maîtres s'endorment...
De « River of Grass » à « La Dernière Piste », en passant par « Old Joy » et « Wendy et Lucy », analyse croisée du cinéma de Kelly Reichardt et de la littérature américaine sous les thématiques du paysage, du road-movie et de l'utopie.
Avec « De chaque instant », Nicolas Philibert compare la formation des infirmiers à une pratique du théâtre divisée en trois temps : la répétition, la représentation et le débriefing. Avec quel message politique et sociétal ?
Avec « Beautiful Boy », réalisé aux États-Unis en anglais et avec des acteurs américains, Felix Van Groeningen porte les clichés d'un certain cinéma d'auteur sur la scène d'un cinéma mondial : histoire d'une récupération industrielle annoncée depuis "The Broken Circle Breakdown".
Paranoïaques, hystériques, identitaires. Avec « Inherent Vice », Paul Thomas Anderson égrène les figures de la raison malheureuse et hystérique à l'ère du capitalisme. Et si le détective, cette figure grise, offrait quelques échappées - sous la forme de volutes cannabiques - à la subsomption intégralement désintégrative du capital ?
Avec « Climax », Gaspar Noé exécute le programme d'une danse macabre : dépasser les limites du corps et de l'esprit jusqu'à la folie collective d'où peut s'entrevoir la beauté de l'enfer.
Des visages promettent la lune dans la série « Mad Men » créée par Matthew Weiner : de la reconstruction de soi et du rêve américain étudiés à travers l'existence publicitaire d'un visage qui promet beaucoup, celui de Donald Draper.
Analyse du monde invisible de « Burning » : celui des Great Hungers où le rôle du feu, de la lumière et des éléments disséminés (le chat, le puits, les serres ou les meurtres) est déterminant.
Une autre histoire gravite autour des grandes thématiques de First Man qu'on aurait tort de réduire à un biopic classique : celle de la maîtrise de la fragilité. Ne pas trembler. Trouver l’équilibre parfait après une succession d'échecs et d'essais manqués. Rater, se louper, et recommencer. Le film de Damien Chazelle ressemble ainsi parfois à un documentaire portant aussi bien sur les essais ratés de la NASA que sur la préparation d'un biopic grandiose qu'on ne verra jamais à l'écran.
À l'occasion de la sortie de « The House that Jack built », portrait de Lars von Trier en démiurge pervers maintenant film après film le cap de la contrariété : celle du spectateur, et la sienne propre, jusqu'à la mortification.