Agnès Varda revient sur les rencontres artistiques et humaines de « Visages, Villages » : pour réinventer la vie par les images, avec les gens qui les créent, loin des clichés qui les capturent.
Comment, à partir de conférences données par Borges de 1977 à 1978, l'immortalité peut-elle se penser au cinéma et à travers la présence spectrale de l'acteur : « Au-delà de notre mort corporelle restent nos actes, nos œuvres, nos façons d'être, cette merveilleuse partie de l'histoire universelle ».
K.O. renvoie aussi bien à une donnée scénaristique – le « fight club » clandestin auquel va prendre part le personnage principal – qu'à l’état psychologique du héros, ou encore à la situation chaotique dans laquelle se trouve le héros, avant de renoncer à tout. Explication.
Avec L’Arbre, le Maire et la Médiathèque, Éric Rohmer met en scène sa conception de l’architecture, mais aussi, en creux, celle du cinéma : « Je préfère le cinéma à tous les autres arts parce qu’il n’a pas un rapport de prédation au paysage ».
Composé de trois actes sollicitant successivement des marionnettes, un sketch avec les acteurs et un film, Arde brillante en los bosques brillante de la noche s'intéresse à la question de la libération des corps. Comment affranchir aujourd'hui un corps des modes d'être du capitalisme ?
Le miracle des films de Valeska Grisebach n’est peut-être rien d’autre que cette ontophanie de l’ordinaire qu’ils rendent possible, cette révélation quasi photographique du banal qui se produit à chaque instant dans les corps, qu'ils soient au travail ou emportés par la danse.
Lors de son mariage, Sandy Wexler chante devant les stars dont il est, pour le meilleur et pour le pire, l’impresario. Les paroles de la chanson suggèrent que rien ne vaut le spectacle de Hollywood : sous la farce, Adam Sandler fait l'éloge du monde du faux.
Nul biopic pesant, nul hommage mortifère. « Philip Seymour Hoffman, par exemple » propose de concevoir l'acteur de cinéma comme un spectre que tout un chacun, créateur comme spectateur, peut rappeler à tout moment parmi les vivants : pour l'éternité des noms et des images.
Avec Rodin, Jacques Doillon tente de dégager l’essence du personnage à travers sa relation aux femmes et au travail. Dans cette interview, il revient sur quelques grands aspects de son film : sa représentation de Rodin, le triangle amoureux, sa méthode de travail, le décor et les costumes.
L’instabilité est au centre des Fantômes d’Ismaël et du cinéma d'Arnaud Desplechin. Symptôme parmi d'autres, le personnage d'Ismaël, incarné par Mathieu Amalric, titube entre transe quasi-métaphysique et hystérie bouffonesque. Analyse d'un cinéma de l'instabilité.
Sorti en 1945, « Brève rencontre » de David Lean raconte une histoire d’amour passionnel et interdit entre deux êtres à la vie bien rangée, Laura et le docteur Alec, en travaillant de manière originale sur le son : bruit ou musique, incarné ou non, le son constitue un langage à part entière.
Enquête sur les mystères, les règles, la symbolique et les origines de La Bête dans Split à travers une donnée essentielle du cinéma de M. Night Shyamalan : le pacte de croyance conclu avec les spectateurs.
« Paterson » montre la difficulté pour un homme qui se rêve poète, un poil orgueilleux et pratiquement incapable de s’accorder avec ce qui l’entoure, de retrouver la simplicité et la légèreté, aussi bien dans ses mots que dans son quotidien.
Les films de Park Chan-wook ont beau aborder des thèmes tels que la vengeance, la manipulation et la marginalité, ils n’en sont pas moins pourvus d’un élément perturbateur, toujours le même : un humour souvent noir, parfois bizarre, parfois presque gênant.
Loin de l'image éculée d'un cinéaste culte, Alejandro Amenábar revient sur sa méthode : un intense travail de réflexion, proche du rationalisme, qui questionne toutes les formes de croyances et les acquis : « Je ne ne suis pas quelqu'un de confiant, même par rapport à la science ».
Croyances, cinéma et ésotérisme : rencontre avec le cinéaste belge Fabrice du Welz à l'occasion de la sortie de « Message from the King » : « Je conçois le travail sur la foi comme mouvement propice à la déconstruction, et plus précisément à la déconstruction de l'âme »
Étude historique consacrée à l'influence de l'Occupation sur les réalisations cinématographiques françaises en général et sur le cinéma de Henri-Georges Clouzot, Jean Delannoy et Marcel Carné en particulier. Retour sur une vitalité inattendue, ou le paradoxe de la parenthèse enchantée.
Entretien fleuve avec Laurent de Sutter, de "Pornostars" (2007) à "Poétique de la police" (2017) : à propos d'un cinéma habité, traversé ou débordé par le passage des anges, l’immanence de Spinoza, la posture de l’humiliation, les pratiques de désir, l’épreuve du sublime, le comique de la police.
Avec La Huitième Femme de Barbe-Bleue, Lubitsch offre une étincelante illustration de son sens de la comédie. Le film s’appuie sur divers registres du comique, avec un art consommé du rythme, mais l'on est surtout frappé par le rôle majeur que jouent les écrits, invitant le spectateur à se faire lecteur.
Télévisions, ordinateurs, tablettes, sans oublier ce qui sépare les heptapodes et les humains à l’intérieur du vaisseau : « Premier Contact » est parsemé d’écrans. Et si le réalisateur proposait, derrière la rencontre entre humains et extraterrestres, une mise en abyme du spectateur de cinéma ?
Kelly Reichardt opère une constante déstabilisation du regard : tout en enracinant ses personnages dans un microcosme prosaïque, elle les abandonne à leurs errements dans une immensité aussi aride qu’accueillante, terrain d’une poétique de la déviation...
Rebecca Zlotowski revient sur plusieurs thèmes clés qui traversent « Planetarium » : la présence des fantômes, le rapport à l'Histoire, les liens qui se créent avec le cinéma ou la circulation du refoulé. Autant de pistes possibles pour se réapproprier un film énigmatique.
Tel le spectateur qu’il représente comme noyé dans un déluge d’images et hypnotisé par elles, Carax semble actionner une télécommande invisible pour réaliser un zapping cinéphile et inquiétant. Holy Motors serait-il le cimetière de toutes les images du cinéma ?
Koolhaas Houselife d'Ila Bêka et Louise Lemoine, premier film de la série Living architectures, ou les subversions du documentaire d'architecture contemplatif : par la comédie (œuvre maculée), le jeu (œuvre expérimentée) et la sensualité (œuvre hantée).
Dans une perspective postmoderne, les blockbusters hollywoodiens mobilisent aujourd'hui les nouveaux savoirs du spectateur, sa culture et ses attentes. Ils transforment ainsi les personnages en complices presque conscients de participer au spectacle. Ces films ne cachent plus leurs ambitions commerciale, leur cynisme mais aussi leur l'ingéniosité.
Antoine Desrosières nous a accordé un entretien substantiel : l'occasion d'évoquer sa carrière atypique dans le panorama du cinéma français, et le tournant qu'a constitué pour lui son moyen-métrage, Haramiste, avec la belle rencontre d'Inas Chanti et Souad Arsane.
Avec Haramiste, Antoine Desrosières a choisi d'arpenter le chemin tortueux d'un certain cinéma de la cruauté : comme une gigantesque machination théâtrale, comme un complot libidinal de tous les instants...
Rencontre avec Davy Chou autour de la mise en scène et du rêve dans Diamond Island : « Les couleurs, les lumières et les néons qui dégagent cette vibration si particulière, sont comme une caisse de résonance des multiples émotions intérieures des personnages en train de s'ouvrir au monde. »
Analyse croisée de la mise en scène de chasseurs transgressifs dans « Les chasses du comte Zaroff » de Shoedsack et Pichel, sorti en 1932, et « Soudain, l’été dernier » de Mankiewicz, sorti en 1959 : de la figure marquée du comte Zaroff à la défiguration de Sebastian.
Analyse d'une figure de style qui a fini par devenir un gimmick : l'usage in extenso d’un morceau de musique dans la diégèse – le plus souvent une chanson populaire –, à des fins scénaristiques et dramaturgiques, avec pour effet escompté de provoquer une émotion chez le spectateur.
Craquelant les faux-semblants des bourgeois interprétés par Michel Bouquet et Stéphane Audran dans La Femme Infidèle, Claude Chabrol déchaîne une passion folle et sauvage qui troublera définitivement la paix du ménage : étude de la mise en scène d'une Nature non-domestiquée.
La Maison des Otages peut être lu comme un manuel de survie cinématographique : il y a là comme une invitation à jouir de façon presque enfantine du spectacle que nous offrent les images, en dépit de l'amertume et de la désillusion qui en constituent le revers.
Rencontre avec Denis Côté, à propos d'expériences sur les formes, la narration et les genres cinématographiques : « Mon travail est celui d’un ancien critique de cinéma, d’un amoureux du cinéma, qui tente des choses avec le langage cinématographique. »
Il en va du cinéaste comme de Boris Malinovsky, l'anti-héros de Boris sans Béatrice : sa richesse tient de la maîtrise absolue des espaces-temps, et de tout ce qui circule à l’intérieur de ceux-ci. C'est à la subversion de cette maîtrise sans reste que travaille Denis Côté, pour faire advenir une rencontre.
L'aura et l'omniprésence des 8 actrices qui composent le générique de « 8 Femmes » de François Ozon, toutes stars ou étoiles montantes du cinéma, a souvent escamoté la présence des nombreux autres personnages, visibles ou évoqués dans le film : dans l'ombre, quel rôle jouent-ils ?
Entretien avec Pierre Voland autour du "volet de ma chambre", oeuvre à mi-chemin de l'expérimentation formelle et de la fascination pour la lumière, projetée en janvier 2016 au festival "Les Inattendus" de Lyon et visible en libre accès sur internet...
Dans la très belle scène où Agathe « boit la tasse dans ses larmes », « L'Effet aquatique » trouve ce moment de révélation où le personnage se laisse submerger par ses affects. Cette scène marque l'aboutissement d'un travail précis sur l'hétérogénéité d'un petit monde bariolé.
Lors de la sortie de « Elle » en 2016, de nombreux commentateurs et critiques ont accusé Verhoeven de faire l'apologie du viol. Une analyse s'impose afin de lever ce malentendu et évaluer les enjeux d'un film travesti par l'indignation morale.
Rodéo nous donne l'occasion de mieux comprendre deux caractéristiques esthétiques du cinéma sud-américain : les silences et le recours aux passages oniriques : il y va de l’originalité d'un regard, d'un réel travail esthétique ainsi que d'un usage subtil des puissances du cinéma.
Quelques notes sur « Dressé pour tuer » (1982) de Samuel Fuller, sous l'horizon conceptuel de l'aphorisme 74 de « Minima Moralia » (1951) d'Adorno : D'une critique de la culture logée dans l’interstice entre la civilisation et la nature, ouvrant un point de vue utopique sur la réalité mise en scène...
Admiration de Daniel Vannet, alias Willy 1er, celui dont le règne n'arrivera qu'à se débarrasser des clichés, à commencer par ceux que font entendre nos rires de spectateurs. Car il n'y a d'affirmation de soi que féroce et hargneuse : pour se proclamer libre et irréductible, comme un homme.
« Captain Fantastic » traite avec une rare hypocrisie un sujet qui méritait plus de sérieux et moins de contrefaçons. Matt Ross opte pour un psychologisme primaire et un humour mainstream qui peinent à masquer le but de son entreprise : être le feel good movie éphémère de la rentrée 2016.
Le doublé d’Orpheline – Bayard d’Or du meilleur film et Prix de la meilleure comédienne – nous invite à poser une question curieuse : quel film et quelle comédienne prime-t-on ? Ceux dont nous avons vu les images à l'écran ? Ou ceux dont ces images ne sont jamais que l’appel ?
À la caméra enchaînée de "Broken Land", celle du pouvoir, celle du chasseur, celle du télé-surveillant, s’oppose la caméra déchaînée des sauteurs, celle de ceux qui ne cessent de grever l’attente par le possible, de sauter différentes régions du réel avec la force de l’imaginaire.
Dialectique de l'effeuillage des peaux dans Orpheline, par laquelle le réalisateur des Pallières et la scénariste Christelle Berthevas racontent l'histoire d'une femme avec quatre actrices différentes (Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot, Vega Cuzytek)
Plus que par sa délicatesse, « Brooklyn Village » étonne par sa capacité à affronter sans détours la violence des relations humaines et son désir de les apaiser. Chez Ira Sachs, tout est lisible et donné. Son cinéma cherche à panser les plaies de ses personnages, sans jamais détourner le regard.
De trois esthétiques, condensées dans trois boîtes, issues de trois films qui ont, chacun à leur manière, marqué l’histoire du septième art : Belle de jour (Luis Buñuel), Mulholland Drive (David Lynch), Le fabuleux destin d'Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet).
Il arrive régulièrement que des œuvres empruntent des chemins inédits pour nous parler d’amour autrement. C’est le cas de « Her » (2013) et de « Anomalisa » (2016) qui rejouent, à leur manière, l’appel des sirènes de l’Odyssée.
Avec Nocturama, sorti en 2016, Bertrand Bonello ouvre la possibilité d’un débat à la hauteur du contemporain. Rarement un film n’aura été si actuel en se faisant sans cesse dépasser par une certaine réalité toujours trop simple pour penser l'image. Retour sur la réception complexe du film.
Audrey Estrougo revient avec "La Taularde", thriller carcéral d'une vigueur insurrectionnelle et d'une intelligence rares dans le cinéma français. Au cours de l'entretien qu'elle nous a accordé, la cinéaste a éclairé ses choix de mise en scène en affirmant la singularité de sa démarche.