En voulant nous sensibiliser à l'humanité des hologrammes et à la cruauté humaine, Charlie Brooker semble délaisser la critique des dangers imminents des nouvelles technologies au profit d'une leçon de morale chrétienne et populiste.
« Broken Flowers » dépasse un comique s'amusant des clichés et une poétique du décalé pour raconter, à partir d'un travail autour de la ressemblance, une quête de dissemblance angoissante. Et si cette quête était aussi celle de Bill Murray, dont le fils, Homer, apparaît à la fin du film ?
Avec cette saison 4 de Bojack Horseman, le célèbre cheval de Hollywoo n'est plus que l'ombre de lui-même. Interprétés à l'aide d'une psychologie freudienne caricaturale, les traumatismes familiaux s'imposent comme la clé de lecture du mal-être des personnages.
Contre le postulat d'une solidité de notre Égo, analyse des contradictions, artifices et différents jeux de sens dans « Ingrid Goes West », un film de Matt Spicer avec Aubrey Plaza et Elizabeth Olsen.
À partir d'une opposition entre le Mind et le Spirit, Mindhunter renverse le système de croyance de son personnage pour le transformer en une sorte d'Icare de l'Âge de la psychologie. N'est pas chasseur d'Esprit qui veut !
Enquête sur l'omniprésence de contenus libertaires et antisystèmes sur Netflix. Comment expliquer cette contradiction ? Sur quel présupposé repose-t-elle ? Comment celle-ci traduit-elle une stratégie de "contrôle" ?
Le Vent souffle sur Erzebeth raconte l'histoire d'une Femme-tempête dont le corps et les actions semblent être génétiquement liés au vent violent qui balaie avec régularité le petit village de Somlyo. Une pathologie peut-elle dépendre de ce qui se passe dans l'infiniment petit ?
Pour les frères Safdie, les espaces ont toujours été de grandes zones de jeu indéterminées où se brouillent différents niveaux de réalité cauchemardesques. En inversant les codes du parc d'attractions, ils nous lancent un ironique et désenchanté : « Have a good time ! »
Interview avec Hélène Cattet et Bruno Forzani autour de « Laissez bronzer les cadavres », sorti en salles en 2017, à l'occasion de laquelle les deux cinéastes évoquent leur méthode de travail et leur rapport au sommeil, à l'onirisme, l'érotisme, l'humour ou la couleur.
« Faute d'amour » (Loveless) d'Andreï Zviaguintsev raconte une lutte entre un monstre des abysses, dont les traces sont visibles dans les éléments liquides, et un Dieu apportant la Lumière sur le monde.
L'imaginaire de Tim Burton, sous son apparente marginalité et malgré son origine macabre, serait en réalité traversé par un désir de conformisme totalitaire et de négation d'autres formes d'altérité.
Sorti en 2018, Happy Sweden de Ruben Östlund est moins une petite leçon de morale qu'un étrange film de science-fiction apocalyptique prônant une forme de vitalisme présente dans toute l’œuvre du cinéaste. Dans ce Royaume, les Involontaires sont rois.
Comment ce qui hante l'esprit se présente à l'être tourmenté ? « It Comes At Night » cherche à répondre esthétiquement à cette question en travaillant sur la frontalité comme espace où se manifestent les démons.
Comment, à partir de conférences données par Borges de 1977 à 1978, l'immortalité peut-elle se penser au cinéma et à travers la présence spectrale de l'acteur : « Au-delà de notre mort corporelle restent nos actes, nos œuvres, nos façons d'être, cette merveilleuse partie de l'histoire universelle ».
Composé de trois actes sollicitant successivement des marionnettes, un sketch avec les acteurs et un film, Arde brillante en los bosques brillante de la noche s'intéresse à la question de la libération des corps. Comment affranchir aujourd'hui un corps des modes d'être du capitalisme ?
Nul biopic pesant, nul hommage mortifère. « Philip Seymour Hoffman, par exemple » propose de concevoir l'acteur de cinéma comme un spectre que tout un chacun, créateur comme spectateur, peut rappeler à tout moment parmi les vivants : pour l'éternité des noms et des images.
« Paterson » montre la difficulté pour un homme qui se rêve poète, un poil orgueilleux et pratiquement incapable de s’accorder avec ce qui l’entoure, de retrouver la simplicité et la légèreté, aussi bien dans ses mots que dans son quotidien.
Croyances, cinéma et ésotérisme : rencontre avec le cinéaste belge Fabrice du Welz à l'occasion de la sortie de « Message from the King » : « Je conçois le travail sur la foi comme mouvement propice à la déconstruction, et plus précisément à la déconstruction de l'âme »
Rebecca Zlotowski revient sur plusieurs thèmes clés qui traversent « Planetarium » : la présence des fantômes, le rapport à l'Histoire, les liens qui se créent avec le cinéma ou la circulation du refoulé. Autant de pistes possibles pour se réapproprier un film énigmatique.
Dans une perspective postmoderne, les blockbusters hollywoodiens mobilisent aujourd'hui les nouveaux savoirs du spectateur, sa culture et ses attentes. Ils transforment ainsi les personnages en complices presque conscients de participer au spectacle. Ces films ne cachent plus leurs ambitions commerciale, leur cynisme mais aussi leur l'ingéniosité.
Dans la très belle scène où Agathe « boit la tasse dans ses larmes », « L'Effet aquatique » trouve ce moment de révélation où le personnage se laisse submerger par ses affects. Cette scène marque l'aboutissement d'un travail précis sur l'hétérogénéité d'un petit monde bariolé.
Rodéo nous donne l'occasion de mieux comprendre deux caractéristiques esthétiques du cinéma sud-américain : les silences et le recours aux passages oniriques : il y va de l’originalité d'un regard, d'un réel travail esthétique ainsi que d'un usage subtil des puissances du cinéma.
« Captain Fantastic » traite avec une rare hypocrisie un sujet qui méritait plus de sérieux et moins de contrefaçons. Matt Ross opte pour un psychologisme primaire et un humour mainstream qui peinent à masquer le but de son entreprise : être le feel good movie éphémère de la rentrée 2016.
Plus que par sa délicatesse, « Brooklyn Village » étonne par sa capacité à affronter sans détours la violence des relations humaines et son désir de les apaiser. Chez Ira Sachs, tout est lisible et donné. Son cinéma cherche à panser les plaies de ses personnages, sans jamais détourner le regard.
Par son abstraction totale, la langue de Dudok de Wit parvient à se rapprocher de l'un des grands rêves du cinéma d'animation : celui de retranscrire l'invisible par l'imaginaire, sans devoir souffrir des contraintes de la vraisemblance et de la narration.
Si le rêve est une porte vers l'expérience temporelle de l'éternité, comme le pensait Borges, alors l’œuvre de Weerasethakul est celle qui travaille le plus intensément cette piste. Comme les rêves, la Fever Room nous permet d'approcher les mystères du temps. En voici le récit.
À quel point notre intérêt pour un film peut dépendre de la découverte d'un acteur ou d'un coup de cœur pour lui ? Nous racontons ici l'histoire des premières rencontres, celles qui vont déterminer la relation à long terme du cinéphile avec un acteur et les personnages qu'il a incarnés.
Avec Anomalisa, Kaufman s'intéresse à une nouvelle force invisible logée au creux de l'être humain : le désir, à la fois amoureux et sexuel qui, dans les nouages complexes qu'il opère, définit une attente envers l'autre autant qu'avec soi-même et le monde dans lequel on se trouve.
De tous les films de Hong Sang-soo, Un jour avec, un jour sans est peut-être celui qui s'adonne le plus à la rêverie romantique nichée depuis toujours au creux de l’œuvre. Le cinéma s'y fait sarcophage, pour ces moments voués à disparaître dans les profondeurs du temps : là où s'oublient toutes les histoires.
Les déformations du rêve et la vanité de Sorrentino à travers l'analyse du clip de la popstar Paloma Faith dans Youth. Et si Can't Rely on You, qui sert de point de départ à la parodie du réalisateur, était en réalité bien plus fouillé esthétiquement et mieux mis en scène que n'importe lequel de ses films ?
Du Village à The Visit, les films de Shyamalan sont obsédés par une grande idée : celle de déterrer les secrets enfouis, les délier, leur donner une nouvelle existence - intime, collective ou surnaturelle - afin de mieux les affronter et les dépasser. C'est par là que l'individu et la collectivité adviennent.
Pour vivre, nous dit magnifiquement Souvenirs de Marnie, il faut s'inventer des cercles, des sphères, des micro-univers, se tenir à l'intérieur, s'y épanouir, puis pouvoir grandir avec, c'est-à-dire les oublier, parce qu'ils sont éphémères, tout en s'en rappelant comme des événements fondateurs.
Si le film de László Nemes sorti en 2015 en impose, il est loin d'être aussi irréprochable que la critique ne le prétend sur les questions de représentation de la Shoah. Nous relevons trois paradoxes critiques pour mieux penser ce qui se joue dans Le fils de Saul.
Pourrait-on imaginer que Mr. Bean puisse nous éveiller à l’art du portrait ? Une séquence admirable du film Bean (1997) va nous permettre de saisir toute la richesse du personnage que Rowan Atkinson n’a cessé de décliner avec inventivité.
Avec « La Loi du Marché », Stéphane Brizé pose la question des liens qui rattachent les hommes à la société. Comment maintenir ces liens alors que tout s'écroule ? Quelle réaction adopter face à la déshumanisation croissante de la société qui en brise les fondements ?
S'il y a une morale à Knock Knock, ce n'est pas à la perversité ou à la violence latente du spectateur qu'elle s'adresse : Eli Roth rappelle simplement comment notre société crée des modèles artificiels qui peuvent nous rendre prisonniers de ses illusions et de ses archétypes.