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Rayons Verts

Rayon vert, Histoires de spectateurs, Majeur en crise et Chambre verte : découvrez les catégories les plus singulières du Rayon Vert.

Shirley MacLaine, Debra Winger et Jack Nicholson dans Tendres Passions
Rayon vert

« Tendres Passions » de James L. Brooks : La mort par surprise, la vie qui s’apprend

26 octobre 2022
Tendres Passions est absolument merveilleux, d’une délicatesse infinie, et puis surprenant avec des choses simples, comme s’il s’agissait à chaque fois de relever ce qu’il y a de singulier dans le quelconque. Le film de James L. Brooks prend le temps nécessaire pour extraire du simple la liqueur des émotions difficiles en évitant tous les pièges. Comme si la comédie était un masque de pudeur pour le mélodrame, que l’on n’avait pas vu venir et qui arrive sans crier gare. Alors c’est une vie entière dont la mort précipite l’exemplarité qui en rachète l’injustice. On découvre que le narrateur était en fait un fin stratège, et son film d’être une tragédie rédimée par un stoïcisme qui aura été discrètement enseigné sans jamais avoir été professé.
Michael Myers dans les escaliers de la maison dans Halloween Ends
Le Majeur en crise

« Halloween Ends » de David Gordon Green : Michael Myers, col bleu du slasher

15 octobre 2022
Halloween Ends est le dernier des derniers chapitres - promis, juré - d'une vieille histoire de maltraitance, l'enfant Michael Myers, notre enfance. Le film qui veut littéralement achever la saga initiée par John Carpenter et Debrah Hill raconte aussi comment Hollywood finit : de la cuisine à la casse qui est un placard pour la lutte des classes.
La grotte dans Il Buco
Rayon vert

« Il Buco » de Michelangelo Frammartino : L’abîme pour un monde

14 octobre 2022
Il Buco de Michelangelo Frammartino nous plonge dans un trou noir, un territoire vierge encore inexploré qui aurait attendu, tapis dans l’ombre, que l’homme vienne s’y enfouir. En s’emparant d’une expédition spéléologique à priori banale, le film documente notre rapport au monde en dépouillant la vérité spéciste de tous les oripeaux dont on l’a revêtu.
Alan Bates crie sur la plage dans Le Cri du sorcier
Rayon vert

« Le Cri du sorcier » de Jerzy Skolimowski : Parasite, intouchable, bélier

13 octobre 2022
Le Cri du sorcier est un film biscornu, avec ses brisures et ses embardées, raccord avec les déhanchés caractérisant les films tournés en Angleterre par un exilé polonais. Les hypothèses levées par un récit indécidable sont des zébrures qui font fourcher l'interprétation, rappelée au désordre de ses délires. Miroitant et fêlé, Le Cri du sorcier est le récit d'une foi perdue comme un cri qui vient de l'intérieur, l'histoire d'un délirant, peut-être faussaire, dont la folie est un dedans coïncidant avec le dehors qui est chaos, au-delà du vrai et du faux. Le cinéma de Jerzy Skolimowski tient de l'étonnement en tant qu'il est un tonnerre d'époumonement.
L'âne regarde la caméra dans EO
Rayon vert

« EO » de Jerzy Skolimowski : Ulysse était un âne

10 octobre 2022
Loin d’être le récit stylisé d’une descente aux enfers au service du seul plaidoyer écologiste, l’épopée d’EO, l'âne de Jerzy Skolimowski, remotive la thématique de l’exil pour en faire le lieu fondamental de la rencontre, et rejoint donc ce que le cinéma peut nous offrir de plus riche : non pas la leçon de morale que nous serions en droit de recevoir, mais une expérience sensorielle qui nous éloigne de nous-même et de nos lieux d’ancrage pour nous contraindre, avec cet âne, à refondre notre rapport au monde. En faisant d’EO un véritable manifeste animiste construit autour de l’épopée animale de son âne, Skolimowski fait œuvre d’engagement sans verser dans le cynisme. Il ne tourne finalement pas le dos à l’humain, ne le pointe pas du doigt avec mépris non plus : il s’adresse sans cesse à lui dans la dynamique de rencontre qui anime le cœur même de son film.
Joseph Engel et Sara Montpetit couché dans le lit dans Falcon Lake
Rayon vert

« Falcon Lake » de Charlotte Le Bon : La boucle d'Houdini

7 octobre 2022
Film de fantômes autant que film-fantôme, récit de l'éveil du désir et du passage à l'adolescence, souvenir d'une histoire d'amour à l'intensité incomparable, réflexion sur la mort et la hantise qui est un des plus grands pouvoirs du cinéma, Falcon Lake de Charlotte Le Bon réussit l'exploit de traiter tous ces sujets sans aucune fausse note et, par là, s'impose comme un des plus beaux films "réalistes" situés à la lisière du fantastique vu ces dernières années.
Jean, le père du cinéaste, se filme dans "Le Film de mon père"
FIFF

« Le Film de mon père » de Jules Guarneri : La caméra est un fantôme

5 octobre 2022
En filmant sa famille "de l'intérieur", et plus particulièrement son père Jean, figure excentrique à la fois empathique et envahissante, Jules Guarneri s'exposait aux tares de l'autofiction voyeuriste façon « Strip-tease ». Il les contourne à moitié en instillant dans un cadre précis, parfois malaisant, une hétérogénéité et une porosité qui se devinent entre les lignes, qui se méritent. Avec sa caméra-fantôme, Le Film de mon père déploie un véritable discours sur la hantise sous toutes ses formes.
Louis Garrel se fait "diriger" par Roschdy Zem dans "L'Innocent"
FIFF

« L’Innocent » de Louis Garrel : Jouer et déjouer (les attentes)

29 septembre 2022
Après une première partie assommante dans le registre de la comédie de quiproquos sur fond social, dans laquelle Louis Garrel laisse ses acteurs - y compris lui-même - en roue libre, le film se retourne à l'occasion d'une scène théorique sur le jeu d'acteurs, avant de s'acheminer vers un final qui déjoue les attentes. Plus réflexif et moins convenu qu'il n'en a l'air, L'Innocent est éminemment ludique.
Kim Joo-hyuk parle à une femme dans la rue dans Yourself and Yours
Rayon vert

« Yourself and Yours » de Hong Sang-soo : Soi-même comme un autre

19 septembre 2022
Le cinéma d’Hong Sang-soo ne serait-il pas (trop) répétitif, dans ses motifs, ses intrigues autant que dans sa mise en scène, pour ne pas dire pantouflard-petit-bourgeois ? La critique est récurrente, notamment au Japon. Yourself and Yours montre au contraire, par l’énonciation d’une loi physico-cinématographique, que de la répétition naîtrait la variation. Une manière de déconstruire une autre idée reçue selon laquelle Yourself and Yours serait à l’articulation de deux périodes cinématographiques distinctes, la première tournée vers les autres, la seconde sur soi, celles-ci étant au fond amoureusement enchevêtrés dans le film comme chacun des personnages chez le cinéaste.
Areum (Kim Min-hee) dans la maison d'édition où elle travaille dans Le jour d'après
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« Le Jour d’après » de Hong Sang-soo : Croire pour évoluer

18 septembre 2022
Si Le Jour d’après est un des films les plus graves d’Hong Sang-soo, celui-ci offre une réflexion aussi subtile que passionnante sur la question de la croyance, consolatrice, qui permet au personnage d’avancer. Tout n’est finalement, chez Hong Sang-soo, qu’une question de croyance. Il faut croire au pouvoir de la fiction pour que celle-ci devienne réalité.
La jeune femme (Kim Min-hee) écrivant sur son ordinateur dans le café de Grass
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« Grass » de Hong Sang-soo : Le temps d'un instantané

18 septembre 2022
De toutes les variations temporelles et formelles du cinéma de Hong Sang-Soo, celle de Grass se rapproche peut-être le plus du souvenir compris comme un instantané. D'une ombre se reflétant sur un mur aux trois photographies des lieux vidés de ses personnages à la fin du film, c'est donc aussi de l'effacement dont il est question. Grass montre ainsi des lieux où le temps passe comme partout. Un café, une rue, des milliers de vies de passage, et quelques instantanés qui restent.
Kim Min-hee et Isabelle Huppert discutent sur la plage dans La Caméra de Claire
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« La Caméra de Claire » d’Hong Sang-soo : Voir double

18 septembre 2022
Regarder à nouveau et très lentement : cette maxime invite à lire La Caméra de Claire sous le prisme de la répétition et du redoublement. C’est par ce motif que son héroïne, Manhee (Kim Min-hee), semble acquérir un nouveau regard sur elle-même et sur ce qui l’entoure. C'est ainsi que chez Hong Sang-soo, les images peuvent réconcilier avec la vie.
Haewon (Jeong Eun-Chae) embrasse un garçon devant un temple dans Haewon et les hommes
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« Haewon et les hommes » de Hong Sang-soo : De la thèse au sentiment

18 septembre 2022
Le malaise et l’angoisse de l’impératif social du mariage en Corée du Sud sont sûrement ce que Hong Sang-soo sait le mieux montrer avec son art. De cette situation singulière, il extrait sa dimension universelle en la représentant toujours dans les complications d’une histoire d’amour. Avec son film Haewon et les hommes, pour restituer le trouble des passions interdites dans une société contraignante, le cinéaste trouve, à partir d’un essai de sociologie, de précieuses idées de cinéma.
Affiche du BIFFF 2022
BIFFF

BIFFF, la machine à démonter le temps

15 septembre 2022
Plusieurs années après avoir décrit l'ambiance particulière qui règne au BIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival), un festival de cinéma à part, nous revenons une nouvelle fois sur les expériences spectatorielles que l'on peut y faire, à travers cette édition singulière, celle des 40 ans, qui s'est déroulée - une fois n'est pas coutume, nous l'espérons - entre les murs du Palais 10 au Heysel. Dans cette grande machine à remonter, à stopper et à étirer le temps qu'est le BIFFF, le spectacle avait une fois de plus autant lieu dans la salle et hors de celle-ci que sur l'écran.
Tang Wei et Go Kyung-Pyo durant un interrogatoire policier dans Decision to Leave
Rayon vert

« Decision to Leave » de Park Chan-wook : Fragment d'un discours amoureux

12 septembre 2022
Comment penser l'impensable, la naissance d'un sentiment amoureux, le désir qui vient ? Par quel génie s'approcher de l'instant de grâce ? En se rapprochant au plus près de deux êtres, comme le fait Park Chan-wook dans Decision to Leave, en les filmant à la façon dont le papillon se rapprocherait de la flamme au risque de la brûlure.
Florent Dorin est "Le Visiteur du futur"
BIFFF

« Le Visiteur du futur » de François Descraques : La schizophrénie du second degré

8 septembre 2022
Version "cinéma" d'une web-série à l'humour décalé dans la veine de Kaamelott, Le Visiteur du futur apparaît comme un produit éminemment schizophrène, peinant à se trouver entre un second degré constant et une véritable ambition de film de SF. C'est paradoxalement dans un emprunt à un autre film de série B, lors de son climax, que le film se pose enfin et parvient à susciter une émotion au premier degré, jusqu'alors inespérée.
Sarah (Karen Gillan) apprend à se battre pour le "Dual" avec son coach (Aaron Paul)
BIFFF

« Dual » : La comédie dépressive selon Riley Stearns

7 septembre 2022
Pour son troisième long métrage, Riley Stearns s'aventure sur les terrains balisés de la science-fiction contemporaine et des histoires de clones, mais parvient à couler dans ce moule attendu un récit ambigu et désespéré, tout en y instillant une réelle originalité et en restant fidèle à son style singulier, entre comédie dépressive et humour abstrait. Si Dual semble parfois basculer du côté de la misanthropie, le film se rattrape toujours de justesse par des pirouettes inattendues et des trouvailles ludiques.
Marcel (Benoît Poelvoorde) et Gloria (Alba Gaïa Bellugi) s'embrassant dans le couloir dans Inexorable
Rayon vert

« Inexorable » de Fabrice Du Welz : La mécanique de l'empêtrement

4 septembre 2022
Pour avoir quitté le temps de leur enfance qu'ils croient celui de l'insouciance, les hommes rêvent volontiers d'une innocence enfin retrouvée qui les réconcilieraient avec la vie. Fabrice Du Welz les met à l'épreuve en mettant en place une œuvre singulière, un répons de fou ardent, un chant alterné renvoyant aux films précédents : un cinéma de l'empêtrement, en atteste Inexorable, où le temps de l'enfance n'a jamais été celui de l'insouciance, où l'innocence n'est qu'un rêve, une manière de regarder l'homme devant sa débâcle.
Esther (Isabelle Fuhrman) touche les œufs en or dans Esther 2 : Les Origines
Le Majeur en crise

« Esther 2 : Les Origines » de William Brent Bell : Le secret derrière la grille

30 août 2022
Esther 2 : Les Origines déjoue le programme attendu du home invasion en se montrant bien plus riche que le premier volet de la franchise. Les valeurs familialistes sont retournées comme une crêpe et se révèlent opérantes qu'en apparence. Le film est aussi sous influence hitchcockienne dans la manière dont le désir et les pulsions sexuelles et/ou morbides le traversent.
Tahar Rahim dans la prison dans Désigné coupable
Le Majeur en crise

« Désigné coupable » de Kevin McDonald : La Constitution des États-Unis, l’autre conquête de l’Ouest ?

17 août 2022
Le thème de la frontière, notamment dans le cinéma nord-américain, n’a jamais cessé de produire une certaine image de l’Amérique, confiante ou défaite, comme la mise en récit de la construction d’un peuple singulier. À cette histoire de la frontière, dont la conquête de l’Ouest est le pendant quasi naturel, qui a été tantôt physique, terrestre, mais aussi spatiale, mentale, autant que culturelle, économique, sociale... nombre de productions hollywoodiennes, comme le dernier film de Kevin McDonald, Désigné coupable, en attestent et y ajoutent la conquête du droit, soit la mise en norme comme la mise en règle d’une société donnée à travers ses commandements juridiques. Ou comment la Constitution des États-Unis apparaît comme l’autre conquête de son Ouest, mais pour produire un film sur le droit, dans le cas de Désigné coupable, prétendument critique à l’égard de la législation du Patriot Act, mais qui se parjure finalement lui-même, la reconduisant dans ses motifs comme ses principes.
Pierre (Jean Desailly) embrasse Nicole (Françoise Dorléac) dans son lit dans La Peau douce
Rayon vert

Aimer c'est voler, aimer c'est fuguer (sur deux films de François Truffaut)

11 août 2022
Vivre c'est voler du temps au temps et aimer n'est désirable que clandestinement. François Truffaut à sa manière poursuit Jacques Becker en continuant de filer à vive allure les histoires de l'homme pressé. Le temps presse, celui des contrats, des obligations et des devoirs et l'homme pressé bat la mesure de son désir en le dérobant comme s'il s'agissait de grappiller des intervalles, inserts de La Peau douce (1964) et parenthèses de L'Homme qui aimait les femmes (1977), autant de plaisirs volés comme les baisers. Le confort bourgeois n'a jamais empêché François Truffaut d'écrire sa propre version du Journal du voleur de Jean Genet.
Le Quai10 à Charleroi
Histoires de spectateurs

Une brève histoire d'amour et de cinéma au Quai10 de Charleroi

7 août 2022
Récit d'une brève histoire d'amour et de cinéma au Quai10 de Charleroi, un cinéma qui se pose à la fois comme un refuge pour les cinéphiles et un lieu possible de mélancolie. Ou comment penser l'avenir de la salle de cinéma au plus près de l'expérience spectatorielle.
River Phoenix dans A bout de course
Rayon vert

« À bout de course » de Sidney Lumet : L’art de la fugue

2 août 2022
Il y a dans À bout de course de Sidney Lumet une tension entre mouvement et fixité. Cette dualité traduit celle qui se trouve au cœur du récit, confrontant une famille vivant dans la clandestinité, constamment en fuite et donc en mouvement, et l’éveil du désir chez leur jeune fils de s’épanouir de manière plus conforme et sédentarisée.
Léonie et Eugénie mangent des huitres dans Un été comme ça
Rayon vert

« Un été comme ça » de Denis Côté : Anti-thérapie

26 juillet 2022
Au sein d’un paysage cinématographique constellé de films de deuil et de réparation, Un été comme ça de Denis Côté abandonne toute volonté de jouer les thérapeutes. Le récit se donne pleinement les moyens d’explorer le territoire des pulsions sexuelles pour mieux les comprendre.
Larry Murphy (Peter Strauss) gagne une course dans The Jericho Mile
Histoires de spectateurs

« The Jericho Mile » de Michael Mann : Le génie mannien de la mélancolie

24 juillet 2022
Michael Mann filme la solitude d’hommes, partagés par leurs tâches à accomplir et l’impossibilité pour eux de l’allier à une existence normale. Des hommes qui apprennent le métier de vivre, disait Pavese. S’agit-il pour autant d’y voir simplement la thématique du professionnalisme malade, de personnages n’ayant plus de prises sur le monde comme insiste Jean-Baptiste Thoret, Michael Mann poussant sans doute cette thématique plus loin quand ses acteurs sembleraient sortir d’un film d’Hawks, montrant l’inanité, la vacuité de leur professionnalisme ? L’absolue maîtrise de leur art pour ne mener nulle part ? Tant de professionnalisme pour rien, Michael Mann filme sûrement le vide absolu de l’action, mais non pas pour en dire l’inutile mais la vacuité sur le plan existentiel. En Amérique, si agir n’est plus la garantie d’un épanouissement personnel, quand c’était encore le cas chez Hawks, c’est surtout le produit d’une mélancolie à l’horizon indépassable. Voici donc le programme exposé, pour partie, dès son premier film, The Jericho Mile, en 1979 : la mélancolie, c’est la maladie du fait d’être homme.
Le jeune instituteur assis à coté de la chanteuse du village dans L'école au bout du monde
Rayon vert

« L'école du bout du monde » de Pawo Choyning Dorji : Trouver sa voix

22 juillet 2022
L'école du bout du monde de Pawo Choyning Dorji présente Ugyen comme une voix et l'écoute comme rapport au monde et aux personnages. Si le jeune instituteur cherche sa voie, c'est d'abord par le biais de sa propre voix. En retravaillant complètement le cliché de l'utilisation de la musique à des fins de rupture narrative et émotionnelle, le film constitue un contre-exemple où le chant occupe une place centrale dans l'évolution du personnage et son ouverture à de nouveaux possibles.
Yūsuke (Hidetoshi Nishijima) conduit par Misaki (Tōko Miura) dans Drive My Car
Rayon vert

« Drive My Car » de Ryūsuke Hamaguchi : La vie, malgré tout

18 juillet 2022
Que fait-on de ses morts ? Comment faire son deuil ? Drive My Car de Ryūsuke Hamaguchi, offre une réflexion sur ce jour maudit où chacun apprend la vérité des choses, la mort des roses.
Peter von Kant filme son amant Amir
Rayon vert

« Peter von Kant » de François Ozon : Marre du cinéma

13 juillet 2022
En revisitant Les Larmes amères de Petra von Kant de Fassbinder, François Ozon laisse libre cours à son "troll" intérieur, adressant au passage un ostensible doigt d'honneur au cinéma. Sous le vernis d'une adaptation libre mais appliquée, plus théâtreuse que théâtrale, le "gendre idéal" du cinéma d'auteur contemporain laisse doucement instiller son venin jusqu'à un spectaculaire "pétage de câble", avant de revenir à la consensualité qui le caractérise en apparence.
Alfredo et Afonso rejouent un tableau de Rubens dans "Feu Follet"
BRIFF

« Feu follet » de João Pedro Rodrigues : L’arbre et le phallus

9 juillet 2022
À travers une rêverie musicale et la fable d'un roi sans couronne qui veut devenir pompier pour protéger les arbres, João Pedro Rodrigues établit dans Feu Follet un lien entre une communion sexuelle et une communion avec la nature, avec comme ciment l'amitié et des images fortes comme autant d'allégories visuelles et textuelles auxquelles peut se raccrocher un spectateur invité à contempler cette fantaisie sexuelle et écologique flamboyante, comme un spectacle à la fois ouvert au monde et circonscrit à la forme donnée par son auteur.
Carmen (Aline Küppenheim) dans la poterie au début de 1976
BRIFF

« 1976 » de Manuela Martelli : Petite histoire d'une seconde chance

4 juillet 2022
En faisant revivre le spectre d'une grand-mère partie trop tôt, 1976 est porté par un refus de la fatalité et de la tristesse. Loin de toute démonstration de force, Manuela Martelli, sous l'influence de Chantal Akerman, fait le choix d'une certaine forme de minimalisme pour raconter son histoire de seconde chance.
Kiril dans la forêt dans Une bosse dans le cœur
BRIFF

« Une bosse dans le cœur » de Noé Reutenauer : Un miroir comme un autre

30 juin 2022
Avec Une bosse dans le cœur, Noé Reutenauer réussit avec brio un film sur la trisomie où il tend un miroir au spectateur qui pourra réfléchir sur les fondements de sa propre existence. La notion d'humanité peut alors être comparée à un grand puzzle dont chacun recolle les morceaux à sa façon. Nous avons tous des bosses dans le cœur, logées quelque part au croisement du réel, des rêves et de la spectralité.
Richard Dormer en pleine action sous la pluie dans 11 minutes
Rayon vert

« 11 minutes » de Jerzy Skolimowski : Ballet mécanique

26 juin 2022
11 minutes tient de l’exploit quasi-sportif en réussissant à tailler en 81 minutes chrono un cristal de situations hétérogènes tournoyant autour de la même unité de lieu (un quartier du centre de Varsovie) et de temps (les 11 premières minutes de la 17ème heure d’une journée). Le maître horloger jette toutefois sur son mécano néo-baroque un drôle de regard. La misanthropie est la tâche dans l’œil noir du démiurge, ce précurseur sombre des catastrophes annoncées dont le brio est le doigt qui, même s’il est d’honneur, s’y enfourne jusqu’au bras.
Batman (Robert Pattinson) embrassant Catwoman (Zoë Kravitz) sur le toit d'un immeuble de Gotham dans The Batman
Le Majeur en crise

« The Batman » de Matt Reeves : L’opium du populisme

16 juin 2022
The Batman de Matt Reeves (2022) procède d’un discours jamais fatigué de se frayer un chemin à travers ses certitudes. Si par un hasard du calendrier il est sorti en salles un peu avant le premier tour des élections présidentielles en France, The Batman était toutefois parfaitement synchrone d’une bonne partie des débats avec leurs petites philosophies politiques rances de l’époque sur les enjeux sécuritaires comme la corruption des élites. Un discours non pas simplement local, mais un discours-monde, aux dimensions de Gotham City. Un discours auquel tous les bénis non-non se rallieront, semence à laquelle il faudrait opposer la semonce du coup de canon.
Michelle Yeoh utilisant ses pouvoirs dans Everything Everywhere All At Once
Le Majeur en crise

« Everything Everywhere All At Once » : Se laisser toucher par les doigts hot dog

2 juin 2022
Everything Everywhere All At Once remplit à première vue toutes les cases d'un divertissement au rythme effréné jouant avec les codes du film d’action. Dans ce type de film, faire advenir une véritable émotion se révèle assez difficile, tout étant directement désamorcé par l’aspect parodique et le second degré omniprésent. Le film de Daniel Kwan et Daniel Scheinert s’essaie pourtant à l’exercice d’une manière inattendue, en retournant l’une de ses séquences clés contre elle-même ; comme si le film faisait le pari de pouvoir inverser un instant les registres, du potache à l’émotion, par la seule force de ses propres images.
Saul Tenser (Mortensen) entre sa compagne Caprice (Seydoux) et son admiratrice Timlin (Stewart) dans « Crimes of the Future »
Rayon vert

« Crimes of the Future » de David Cronenberg : Hybride évolution

24 mai 2022
Dans son nouveau film attendu comme le Messie, David Cronenberg parvient à la fois à combler des attentes et à se montrer déceptif. C'est en faisant se rencontrer deux pans de son cinéma qu'il le fait évoluer, en faisant d'un film hybride une nouvelle étape, un « troisième type » . Tout comme l'humanité accède à un stade supérieur d'évolution à la fin de Crimes of the Future, c'est par une démarche d'hybridation, par le composite, que le cinéma de Cronenberg continue d'évoluer.
Dieter Dengler dans la jungle dans Petit Dieter doit voler
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« Petit Dieter doit voler » de Werner Herzog : Qui témoigne pour le témoin, sinon l’ami ?

14 mai 2022
La survie, c’est la vie vécue à l’extrême pointe, extrémisée par la proximité de la mort jusqu’à ses limites dont le franchissement est un anéantissement. Le survivant vit en témoignant, le vivant témoigne en parlant comme en ne parlant pas. Quand il est silencieux, le témoin est taiseux et ses silences témoignent pour lui. Le vivant qui a survécu en a-t-il à jamais fini avec la survie ? Dieter Dengler est un témoin : l'homme qui a survécu au pire parle à Werner Herzog qui lui dédie Petit Dieter doit voler (1997). L’homme qui témoigne en faisant preuve d'une extraordinaire prolixité tourne cependant autour d'un noyau d'indicible, un reste irracontable : son désir de voler a eu pour fondation et destination une destruction réitérée. Le témoin est un derviche tourneur dont l’axe de rotation est ce reste-là. Avec l’homme témoignant pour l’ami absent et l'autre ami qui témoigne pour lui en lui dédiant son film, la vie apparaît enfin pour ce qu'elle est en vérité : l'énigme extatique d’un miracle inespéré.
Chiara (Swamy Rotolo) à la recherche de son père dans la brume dans A Chiara
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« A Chiara » de Jonas Carpignano : Le deuil des vivants

6 mai 2022
Avec A Chiara, Jonas Carpignano filme le travail de deuil des vivants. Le deuil n'est en effet pas qu'une relation qui nous lie à nos morts, il charpente nos vies où les vivants, eux aussi, passent comme des fantômes qu'il faut oublier : dans A Chiara, il faudra affronter la perte du père et d'une famille unie relativement insouciante.
Natsuko et Aya se rencontrent dans la troisième histoire de « Contes du hasard et autres fantaisies »
Rayon vert

« Contes du hasard et autres fantaisies » de Ryūsuke Hamaguchi : Quiproquos et épiphanies

18 avril 2022
Avec ces Contes du hasard et autres fantaisies, Ryūsuke Hamaguchi convoque des influences comme celles de Hong Sang-soo ou d’Éric Rohmer et fait dialoguer entre elles ses trois histoires, ses trois « nouvelles », autour des figures du quiproquo, du triangle amoureux et de l’épiphanie, faisant ainsi de la plus belle des manières du boulevardier quiproquo un vecteur d’épiphanie et de clarté de vue pour les personnages et pour le spectateur.
Gene Tierney et George Sanders dans The Ghost and Mrs. Muir
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« The Ghost and Mrs. Muir » de Joseph L. Mankiewicz : Une aventure du regard

9 avril 2022
The Ghost and Mrs. Muir de Joseph L. Mankiewicz tisse avec une grande puissance évocatrice des passages entre plusieurs mondes : rêve et réalité, vie et mort, pesanteur terrestre et éclat des vagues. Mais quel est le moment où le récit bascule et pénètre l’autre monde ? La réponse se trouve peut-être au bout d’un travelling.
Joan Fontaine et Louis Jourdan font connaissance dans Lettre d'une inconnue
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« Lettre d’une inconnue » de Max Ophuls : Le manège des simulacres et l'instance qui l'arrête

3 avril 2022
Les plus beaux personnages de Max Ophuls sont des séducteurs piégés par l'ivresse circulaire des plaisirs de la séduction, les prisonniers volontaires de la vie qui est un théâtre d'ombres, un manège, une ronde de simulacres. Faire tomber le masque n'intéresse pas Max Ophuls parce que derrière le masque il n'y a rien. Le masque est la vérité cachée du masque, vérité circulaire comme une ronde, un manège. Quand le masque tombe, la vie n'est pas plus véridique, elle est seulement plus lourde, c'est la vie qui tombe, qui s'arrête comme une toupie. Lettre d'une inconnue est l'histoire d'un homme qui a vécu sa vie comme un rêve et d'une femme dont la mort lui signifie que le rêve est fini. Quand un homme jouit du manège de la vie avec une inconstance qui est aussi la plus grande inconscience, une femme lui rappelle que la vie est tragique. Voilà ce qui reste troublant ici, et à jamais saisissant : un homme a de l'avance sur une femme avant de découvrir qu'elle aura le dernier mot sur sa vie, celui de la mort.
L'affiche de Des mots qui restent
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« Des mots qui restent » de Nurith Aviv : La condition brisée des langues

19 mars 2022
De film en film, Nurith Aviv ne cesse pas de tourner dans les mêmes questions autour de ce qui fait une langue, en atteste son dernier moyen-métrage Des mots qui restent. Un choix qui pourrait apparaître monomaniaque, y compris dans son dispositif filmique, composé le plus souvent à partir d’entretiens en plans fixes, mais qui par sa rectitude diffracte au contraire le champ des possibles, en montrant combien la relation (à l’autre, aux images, aux langues, aux récits) est au cœur de son sujet comme de sa mise en scène.
Timothy Treadwell près d'un ours dans Grizzly Man
Rayon vert

« Grizzly Man » de Werner Herzog : Toucher la distance entre caresse et griffe

16 mars 2022
Grizzly Man de Werner Herzog raconte le rêve de Timothy Treadwell d'abolir les différentes frontières qui séparent l'homme de l'animal. Treadwell ne cesse de travailler à réduire cette distance, qui s’incarne de façon très singulière dans la question du toucher. Parvenir à toucher, voire caresser la peau d’un grizzli sauvage devient sa quête ultime, la manière d’abolir enfin toutes ces frontières.
Les ouvriers dans Ce vieux rêve qui bouge
Rayon vert

« Ce vieux rêve qui bouge » d’Alain Guiraudie : Extension du domaine politique de la lutte

12 mars 2022
Alain Guiraudie, dans Ce vieux rêve qui bouge (2001), au tournant des années 2000, juste avant son premier long-métrage, filme un monde décrépit : un univers en ruine, sur fond de crise ouvrière, cette micro-société des Trente inglorieuses (Jacques Rancière). Monde de la ruine, monde de la crise, Alain Guiraudie viendrait-il gonfler le « ventre de la bête immonde » de tous les discours de l’époque sur la fin des temps ? Au contraire, chez le cinéaste, le monde de la ruine est celui d’une possible renaissance. Un film qui, par sa durée atypique, 50 minutes, comme par sa forme même, délivre la profondeur de champ de sa pensée politique.
Léo (Damien Bonnard) navigue sur la rivière dans Rester Vertical
Rayon vert

« Rester vertical » d'Alain Guiraudie : L'heure du loup

7 mars 2022
Rester vertical a l'ambition grande et ondoyante, celle de faire poindre ce qu'il en est du désir quand il est partout, à tous les tournants. Le désir d'Alain Guiraudie, un cinéaste itinérant qui s'interroge sur la société dans laquelle il vit et où le désir déterritorialise à tout va, mais sans orientation ni destination. Celui de son personnage qui lui ressemble aussi, ce scénariste qui a la bougeotte en comprenant qu'il est un déplacé, fondamentalement. Le déplacé gêne comme on parlerait d'un propos déplacé. La gêne occasionnée résulte alors de l'exil intérieur de l'homme quelconque ayant pour double inavoué le paria, sa hantise. Lui qui nomadise est un autre homme aux loups qui tente de se tenir debout devant la meute parce que la verticalité est le dernier rempart face aux hantises qui montent, qui montent, déclassement et exclusion.
Franck (Pierre Deladonchamps) et Michel (Christophe Paou) font l'amour dans L'Inconnu du lac
Rayon vert

« L’Inconnu du lac » d'Alain Guiraudie : Rayons d'X

7 mars 2022
Un film frontal et oblique serait-il paradoxal ou bien aporétique ? On peut déjà avancer qu'un paradoxe est, au sens premier du terme, à côté de la doxa, l'opinion commune, quand l'aporie désigne étymologiquement une absence de passage. La qualification ne serait donc pas aussi injustifiée pour L'Inconnu du lac. Le film d'Alain Guiraudie pense entre les passes du sexe et les impasses du désir qui s'écrivent sur la plage blanche d'une plage, entre le miroir opaque du lac et l'obscurité de la forêt. De face, on voit le sable strié cacher bien des biais.
Le bar dans Pas de repos pour les braves
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« Pas de repos pour les braves » d'Alain Guiraudie : Alain in Wonderland

7 mars 2022
Dans Pas de repos pour les braves, tout n’est que faux départs et arrivées trompeuses, redémarrages soudains et éternelles dérives, autour d’une interrogation sur les pouvoirs de poétisation et de bizarrerie que pourvoit le cinéma : comment peut-on ouvrir sur tous les possibles à partir d’un matériau – langagier, humain, topographique et générique – par définition limité ?
Armand (Ludovic Berthillot) et Curly (Hafsia Herzi) couchés dans l'herbe dans Le Roi de l'évasion
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« Le Roi de l'évasion » d'Alain Guiraudie : Désirs décapants

7 mars 2022
Le Roi de l'évasion d'Alain Guiraudie est un film décapant dans les deux sens du terme : d'abord parce qu'il est stimulant et original, ce qui en fait une des comédies françaises les plus marquantes de ce début de siècle ; ensuite parce que le film attaque les habitudes confortables du genre et dessape même littéralement son personnage principal qui passe une partie du film en slip à errer dans les bois. Mais avant tout, Le Roi de l'évasion est un grand film sur le désir et son évasion, c'est-à-dire sur la manière dont il peut être expérimenté.
Jennifer Jones actionne des tuyaux dans La Folle ingénue
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« Cluny Brown » d'Ernst Lubitsch : La jouissance à coup de marteau (à déboucher les tuyaux)

2 mars 2022
Déboucher les tuyaux, Cluny Brown aime ça, c'est plus fort qu'elle. La plomberie de l'oncle sévère n'est pas un métier dont hérite sa nièce, c'est une passion d'enfance, un jeu, une joie. Son odorat lui indique les éviers bouchés, son ouïe est plus que sensible aux grincements de la tuyauterie quand elle est obstruée. Il y va à chaque fois d'un plaisir qui va au-delà du principe de plaisir – il y va en réalité de sa jouissance, la seule question qui vaille pour Ernst Lubitsch.
Yû Aoi dans Les Amants Sacrifiés
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« Les Amants sacrifiés » de Kiyoshi Kurosawa : Le virus du soupçon

21 février 2022
Les Amants sacrifiés raconte l'histoire d'une illusion amoureuse ayant pour fond les terrifiants secrets militaires du Japon prêt à se jeter dans la Seconde Guerre mondiale. Une histoire de contamination, de virus et de trahison, donc. Une histoire transversale de la peste, aussi, quand elle relie la guerre bactériologique au soupçon nourri envers l'aimé qui a commencé à ne plus ressembler à celui qu'il a été. Une histoire de cinéma, encore, qui raconte comment la reconstitution historique tient du combo entre fantastique et épouvante quand il a pour foyer l'humanité destructible. Une histoire culturelle, enfin, celle du virus se prolongeant en une infection idéologique quand l'individualisme a pour virulence germinative des amours cyniques, des passions toxiques et des désirs apocalyptiques.
Stéphane Vilner (Pio Marmaï) dans Enquête sur un scandale d'État
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« Enquête sur un scandale d'État » de Thierry de Peretti : L'indic à distance

12 février 2022
Enquête sur un scandale d'État est le meilleur film français depuis des lustres. Un grand film sur l'État de droit comme rapport social qui, à la fois, se voit (dans des gestus et des habitus, des manières d'être et des mises en scène) et ne se voit pas (c'est le hors-champ, celui du pouvoir qui trace les limites de notre morale civique en bornant notre volonté de savoir). Un grand film parlant, aussi, quand la parole de vérité a pour risque le mensonge et pour noyau le secret, en permettant de distinguer la duplicité des uns (c'est leur machiavélisme, celui d'intérêts savamment cachés) de l'opacité des autres (c'est leur énigme existentielle, celui d'un désir inaccessible). Un grand film sur le semblant, enfin. Autrement dit, un grand film de cinéma sur le cinéma, ses scènes et ses acteurs, qui est après tout un dossier comme un autre.
Young-ho (Shin Seokho) ressort de la baignade à la fin d'Introduction
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« Introduction » de Hong Sang-soo : Des vertus curatives du rêve éthylique

7 février 2022
Divisé en trois parties, en trois moments, en trois endroits et en trois étreintes, Introduction réserve une épiphanie de taille pour son personnage principal à la fin de sa troisième partie. Comme dans In Front of Your Face, le film avec lequel il forme une sorte de diptyque « rêvé », Introduction donne une importance particulière à la scène alcoolisée archétypale du cinéma de Hong Sang-soo, et lie celle-ci à la figure du rêve – autre récurrence du cinéaste – tout en conférant à l’une comme à l’autre des vertus curatives.