Dans ce double texte, nous revenons sur les multiples problèmes posés par Annette. On a longtemps cru que Leos Carax était le gardien d’une certaine poésie bricolée, Vigo, Godard, Cocteau, à l’heure du tournant publicitaire du cinéma français représenté par Jean-Jacques Annaud, Luc Besson et Jean-Jacques Beineix. On comprend qu’il y a un lourd tribut à payer pour l’artiste maudit ayant conscience d’être un homme du ressentiment. Si Annette a des étoiles qui brillent au fond des yeux, c’est dans la brillance publicitaire des logos : un cinéma qui est tout dans son image, fait corps avec elle, interdit toute autre image, un cinéma du carton, de la pancarte, de l’homme sandwich qui vend sa misère au plus offrant. Et Leos Carax serait un réalisateur qui se pense hors du commun (à travers le cinéma comme la figure de l’artiste maudit) quand il a tout du commun.