Le cinéma fait lever les yeux, le grand les écarquille, le bon en fait voir le blanc. Avec un troisième long-métrage qui demande contre toute une tradition de se méfier de ce qui vient du ciel, Jordan Peele aimerait souffler un peu d’air frais dans la sphère de la culture saturée. Mais l’enflure guette, même en ayant les pieds sur la terre du western. Nope est exemplaire d’un cinéma si conscient de lui-même qu’il doit accomplir des prouesses pour simplement réussir à retomber sur ses pieds. Lever les yeux au ciel n’est pas sans danger, le risque étant celui de la voracité et de l’indigestion, ufologie pour ironiser et méta-cinéma pour tenter encore de moraliser le spectacle. Nope est un film littéralement gonflé, qui ne raconte rien sinon ce qu’il en est des blockbusters crevant les plafonds avant d’éclater comme des ballons.