Logo du Rayon Vert Revue de cinéma en ligne

Maël Mubalegh

« Entre moi-même et la vie se tient une fine surface vitrée. Bien que je puisse reconnaître et comprendre la vie avec netteté, je ne peux pas la toucher. » Ces quelques mots du narrateur évanescent du Livre de l'intranquillité saisissent en négatif, sans doute mieux que je ne pourrais le faire, ce qui constitue pour moi l'expérience de spectateur : substituer à la vitre qui, dans la vie vécue, m'offre et m'obstrue la vue tout à la fois, celle, plus honnête – et en un sens plus réelle – que délimite l'écran de cinéma.
Rayon vert

« J'étais à la maison, mais... » d'Angela Schanelec : Vertiges de la feintise

2 janvier 2022
Avec J'étais à la maison, mais..., Angela Schanelec signe un film choral éclaté dans lequel elle prolonge ce qu’elle avait impulsé dans son précédent long-métrage : le récit creuse une ligne somnambule dans laquelle il se perd, la caméra s’attardant sur ces moments de décrochage(s), difficilement nommables, qui viennent trouer le quotidien, la vie citadine, et qui les rendent étrangers à eux-mêmes.
Portrait dans auf demselben Planeten de Katrin Eissing
Critique

« Auf dem selben Planeten » de Katrin Eissing : Famille modèle

19 août 2020
De l'atome du scientifique au pendule de l'hypnotiseur en passant par les maquettes de l'ingénieur : les modélisations de l'histoire au prisme des affects dans Auf dem selben Planeten, le Bildungsroman moderne de Katrin Eissing.
Équipe de tournage sur Auf demselben planeten de Katrin Eissing
Interview

« The weight of the world » : Interview de Katrin Eissing

19 août 2020
Dans un entretien qu'elle nous a accordé en août 2019, Katrin Eissing revient sur la genèse, la réalisation et la réception de son premier long-métrage de cinéma, Auf demselben Planeten. Le film a tout récemment fait l'objet d'une restauration haute définition à l'initiative de la Deutsche Kinemathek – supervisée par la réalisatrice et sa cheffe opératrice – qui devrait dès à présent lui offrir une meilleure visibilité.
Guillaume des Forêts dans Quatre nuits d'un rêveur de Robert Bresson
Esthétique

« Quatre nuits d’un rêveur » de Robert Bresson : Reflets dans la nuit noire

11 mai 2020
À la sophistication claustrée des Nuits blanche de Luchino Visconti (Notte bianchi, 1957) se substitue, dans cette autre adaptation de la célèbre nouvelle de Dostoïevski par Robert Bresson, une mise en scène savamment minimaliste des « reflets » d’un amour illusoire. Mise en scène qui, dans une tension constante entre couleurs et ombres, entre flou(s) et netteté, entre verticalité et horizontalité, trace ainsi, dans les replis mêmes de la chair, les contours d’une quête d’idéal. Ce texte fait partie d'un diptyque dont l'autre pan est accessible à la fin de cet article.
Temps sans pitié de Joseph Losey
Esthétique

« Temps sans pitié » de Joseph Losey : Hauteurs de vue

17 avril 2020
À partir d'une histoire de cinéma assez classique – rétablir la vérité pour innocenter le faux coupable et traduire en justice le véritable assassin – Joseph Losey propose avec « Temps sans pitié » une mise en scène ingénieuse faisant peser les enjeux du scénario sur les positions tenues par les personnages : il y a un lien étroit entre « détention » d’une vérité et ascendant spatial ou visuel sur autrui.
Jeux de reflets dans Monsieur Klein de Joseph Losey
La Chambre Verte

Y a-t-il un Delon dans la salle ?

13 avril 2020
À son insu et de son propre fait, Alain Delon est devenu un mythe – pour certains intouchable, pour d’autres figé dans son aura de star. C’est oublier l’évidence première : Delon est avant tout un immense acteur, avec tout ce que cette plate formule suppose de capacité d’effacement derrière un rôle. « Monsieur Klein » de Joseph Losey (1976) en est la démonstration parfaite.
Sandra Hüller dans Toni Erdmann
Interview

Heike Parplies : Un montage taillé pour les personnages

21 mars 2018
Lauréate du prix du meilleur montage de la Film- und Medienstiftung NRW pour Everyone else et Toni Erdmann, Heike Parplies sublime le travail de Maren Ade, l‘une des cinéastes les plus reconnues du jeune cinéma allemand. Nous l'avons rencontrée à la troisième édition du festival « Les Monteurs s'affichent ».
Annie Vernay dans Le Roman de Werther
Esthétique

« Le Roman de Werther » de Max Ophüls : Impossible n’est pas français

30 janvier 2018
Sans relever une seule seconde du film à thèse, « Le Roman de Werther » de Max Ophüls est une démonstration par les images que le texte de Goethe est tout bonnement incompatible avec l’esprit français.
Sarah Chiche photographiée par Lynn SK
Interview

Michael Haneke : 71 Fragmentations d'un consensus critique avec Sarah Chiche

13 octobre 2017
L'auteur de l'Éthique du Mikado se penche avec nous sur quelques singularités qui fragmentent le consensus critique qui entoure la réception de « Happy End ». Questions, notamment, de tendresse et de moyens de mourir ou de se laisser mourir, mais aussi de tuer ou de se laisser tuer.
Western de Valeska Grisebach
Critique

« Western » de Valeska Grisebach : Toute la Tendresse du Monde

13 juin 2017
Le miracle des films de Valeska Grisebach n’est peut-être rien d’autre que cette ontophanie de l’ordinaire qu’ils rendent possible, cette révélation quasi photographique du banal qui se produit à chaque instant dans les corps, qu'ils soient au travail ou emportés par la danse.
laura-dern-certain-women
Rayon vert

« Certaines Femmes » de Kelly Reichardt : Kelly’s Cutoff

22 février 2017
Kelly Reichardt opère une constante déstabilisation du regard : tout en enracinant ses personnages dans un microcosme prosaïque, elle les abandonne à leurs errements dans une immensité aussi aride qu’accueillante, terrain d’une poétique de la déviation...
Portrait d'Antoine Desrosières par Maxime Grossier
Interview

Le temps de l'aventure : Entretien avec Antoine Desrosières

6 janvier 2017
Antoine Desrosières nous a accordé un entretien substantiel : l'occasion d'évoquer sa carrière atypique dans le panorama du cinéma français, et le tournant qu'a constitué pour lui son moyen-métrage, Haramiste, avec la belle rencontre d'Inas Chanti et Souad Arsane.
Haramiste-Desrosieres-2014
Critique

« Haramiste » : Portrait du cinéaste en jeune fille

6 janvier 2017
Avec Haramiste, Antoine Desrosières a choisi d'arpenter le chemin tortueux d'un certain cinéma de la cruauté : comme une gigantesque machination théâtrale, comme un complot libidinal de tous les instants...
Desperate Hours de Michael Cimino
Le Majeur en crise

« Desperate Hours » : Cimino aux heures désespérées du Nouvel Hollywood

25 novembre 2016
La Maison des Otages peut être lu comme un manuel de survie cinématographique : il y a là comme une invitation à jouir de façon presque enfantine du spectacle que nous offrent les images, en dépit de l'amertume et de la désillusion qui en constituent le revers.
White Dog de Samuel Fuller
Esthétique

« Dressé pour tuer » : Critique de la culture par Samuel Fuller

19 octobre 2016
Quelques notes sur « Dressé pour tuer » (1982) de Samuel Fuller, sous l'horizon conceptuel de l'aphorisme 74 de « Minima Moralia » (1951) d'Adorno : D'une critique de la culture logée dans l’interstice entre la civilisation et la nature, ouvrant un point de vue utopique sur la réalité mise en scène...
Sophie Marceau dans La Taularde
Interview

« La Taularde » : Interview d'Audrey Estrougo

16 septembre 2016
Audrey Estrougo revient avec "La Taularde", thriller carcéral d'une vigueur insurrectionnelle et d'une intelligence rares dans le cinéma français. Au cours de l'entretien qu'elle nous a accordé, la cinéaste a éclairé ses choix de mise en scène en affirmant la singularité de sa démarche.
Sophie Marceau dans La Taularde
La Chambre Verte

Chut chut… chère Sophie : « La Taularde », d'Audrey Estrougo

14 septembre 2016
Avec "La taularde", Audrey Estrougo confronte deux réalités a priori incompossibles : d'une part l'aura inébranlable de Sophie Marceau, la petite fiancée des Français ; d'autre part la société carcérale, entre amalgame et déviance revendicatrice. Portrait d'une défiguration et refiguration.
Knight of cups (Malick)
Rayon vert

Prisonniers du désert : sur Terrence Malick, Bruno Dumont et Werner Herzog

12 août 2016
Dans « Knight of Cups », Terrence Malick subvertit les données du roman de chevalerie ou du récit picaresque pour faire affleurer à leur surface ce qui serait le squelette d’une sensation ou d’un souvenir. Analyse de l’expérience et de l’épreuve du temps chez Malick, Dumont et Herzog.
Christoph Hochhausler
Interview

Le prix de la fiction 1 : « Les Amitiés Invisibles », Interview avec Christoph Hochhäusler.

3 juillet 2016
À l'occasion de la sortie en vidéo à la demande de son dernier film, « Les Amitiés invisibles » (« Die Lügen der Sieger »), nous avons pu interroger Christoph Hochhäusler sur le travail de mise en scène qu'il a spécifiquement déployé sur ce projet.
Sandra Hüller dans Toni Erdmann
Critique

Le prix de la fiction 2 : Film libéralisme, à partir de Toni Erdmann

3 juillet 2016
« Toni Erdmann » et « Les Amitiés invisibles » interpellent par l'ambition commune qu'ils nourrissent, à savoir une critique du libéralisme contemporain plus ou moins voilée dans l'apparente inoffensivité de la forme : screwball comedy potache pour M. Ade, thriller politique pour C. Hochhäusler.
spetters-verhoeven
Critique

« Spetters » de Paul Verhoeven : Heurts et malheurs

8 juin 2016
À passer outre le parfum de scandale qui entoure « Spetters », nous découvrons un film bouleversant, dont la noirceur est proportionnelle au lyrisme qui habite chacun de ses plans : heurts, malheurs, rixes, accidents et heureuses coïncidences fourmillent dans ce chef d'œuvre de Paul Verhoeven.
Elizabeth Berkley dans Showgirls de Paul Verhoeven
Esthétique

Paul Verhoeven : La Vie projetée

2 juin 2016
De « Total Recall » à « Elle », en passant par « Basic Instinct », « Showgirls » ou encore « Black Book », le cinéma de Paul Verhoeven ne témoigne pas tant du mauvais goût de son auteur pour la violence que d'une éthique rigoureuse du regard mise au service de la vie, dans tout ce qu'elle a de furieux et de bruyant.