La filmographie de Quentin Dupieux existe d'abord par son refus du geste rationnel, d'une vision froide et techniciste du cinéma. Le cinéaste ne cherche pas à s'insurger contre la raison à la manière des surréalistes et Luis Buñuel dont il s'inspire. La critique du cinéma comme profession et la désacralisation du dispositif qu'elle impose se retrouvent néanmoins dans tous ses films comme dans ses propos, exprimant une méfiance envers une vision élitiste et perfectionniste de l’art qui exclut a priori ses revendications de cinéaste et d’artiste musical non-professionnel.
Néanmoins, on peut considérer, à l'heure actuelle, qu'il a réalisé ses meilleurs films dans la première partie de sa carrière et avant son retour en France avec Au Poste (2018). On assiste à une baisse de régime causée principalement par le rythme effréné qu'il s'impose et la maigreur des dispositifs qui ne résiste pas à une deuxième vision. Pire encore, avec Yannick, une nouvelle hypothèse est apparue : Quentin Dupieux semble vouloir être reconnu comme le nouveau Blier. Le Daim et L'accident de piano ont par contre apporté une épaisseur plus introspective et sombre à cette œuvre en mutation qui va peut-être prendre un nouveau virage dans les années à venir.