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Sofia Coppola : La mélancolie en partage

La mélancolie est peut-être la grande thématique du cinéma de Sofia Coppola. En effet, « quand le mélancolique est souvent présenté comme un personnage solitaire, une monade, un individu seul face au monde/face à son monde, chez Sofia Coppola, la mélancolie est en partage : elle était familiale dans Virgin Suicides comme nationale : les sœurs Lisbon étaient collectivement frappées de cette mélancolie comme un pays, les États-Unis, gagnés par effet de contagion par cette humeur noire, un pays qui, en raison de sa toute-puissance, se trouvait alors dans un rapport de solitude face au monde ». Dans Lost In translation, la mélancolie n’est pas que celle de Bob ou Charlotte pris individuellement, elle est d’abord et avant tout celle formée par leur couple. Cela vaut aussi pour Somewhere et, dans une certaine mesure, Priscilla : une mélancolie toujours en partage.

Johnny Marco (Stephen Dorff) et sa fille Cleo (Elle Fanning) dans le divan dans Somewhere
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« Somewhere » de Sofia Coppola : Une oasis au-dessus du désert

11 mars 2024
Somewhere de Sofia Coppola montre comment un apprivoisement a fonctionné et est dépassé. Cleo vient combler l'absence de repères dans la vie de son père Johnny, ainsi que les interstices entre les corps et les silences. Ensemble, ils construisent une oasis sur le désert, en attendant la pyramide.
Priscilla Presley dans la limousine d'Elvis dans Priscilla
Critique

« Priscilla » de Sofia Coppola : Biopolitique de la jeune fille en fleur

17 janvier 2024
On pensait la logique capitaliste de réification des individus avoir atteint son point marchand avec Barbie en 2023, dont How To Have Sex de Molly Manning Walker aurait été faussement le pendant débrido-peinturlureur quand il était thatchero-conservateur. C'était compter sans Priscilla, de Sofia Coppola, en ce début 2024, dans un film sur l'emprise, la logique d'effacement de son héroïne par le King, dont la prise Kong aurait été débranchée, en prise directe avec la logique du tout marchand, pour installer depuis et par son ennui profond une guerre de tous les instants contre un machisme ambiant que le film reconduit autrement et plus puissamment.
Bill Murray et Scarlett Johansson lors de leur virée nocturne dans Tokyo dans Lost in Translation
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« Lost in Translation » de Sofia Coppola : Orange mélancolique

22 mars 2021
Le deuxième long-métrage de Sofia Coppola, Lost in Translation (2004), à travers la rencontre d’un quinquagénaire fatigué de sa vie comme de son mariage, acteur sur la fin, Bob (Bill Murray), avec une à peine ex-étudiante et jeune mariée désillusionnée, Charlotte (Scarlett Johansson), dans un hôtel au Japon, interroge le sens de leur existence. Une quête qui, toutefois, se termine paradoxalement dans le film, à l’instant de son dernier soupir, sans aucun Graal ni lot de consolation distribué, mais par le partage d’un secret, Bob le dévoilant/le murmurant à l’oreille de Charlotte, en un sens qui sera pour toujours dérobé au spectateur, demeurant une énigme inaudible pour lui. Lost in Translation n’offre donc pas de magic box, mais un film sous forme de « boîte noire », une interrogation sur le sens de la vie à laquelle cherche à répondre Sofia Coppola par une énigme sous forme d’absence de solution, sans doute parce que les véritables questions ne s’épuisent jamais dans les réponses.
Bill Murray et Rashida Jones boivent un cocktail dans On The Rocks
Critique

« On The Rocks » de Sofia Coppola : True lies, false life

15 mars 2021
Dans son dernier film, On the Rocks (2020), Sofia Coppola, à travers la crise existentielle que traversent un père et sa fille, semble reprendre et corriger Lost in translation en un procès qui tourne mal, et pour ses personnages et, peut-être aussi et surtout, pour son film comme son cinéma.
Les quatre soeurs Lisbon (Andrea Joy Cook, Kirsten Dunst, Leslie Hayman et Chelse Swain) dans Virgin Suicides
Rayon vert

« Virgin Suicides » de Sofia Coppola : Soleil noir de la mélancolie ?

27 décembre 2020
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. On était aux États-Unis, plein focus sur sa middle-class, au milieu des années 70. L’Amérique rayonnait, jusqu’à ce qu’elle fasse sa crise d’adolescence, lorsque cinq sœurs, les Virgin Suicides filmées par Sofia Coppola, théorie des dominos oblige, tombent les unes après les autres. Un suicide sans raison ni pourquoi, qui sera l’objet d’une enquête approfondie vingt-cinq ans durant, afin de tenter d’en élucider le mystère.
Le casting de Les Proies (Sofia Coppola, 2017)
Critique

« Les Proies » : L’homme amoindri et la menace sexuelle chez Sofia Coppola

20 septembre 2017
La figure de l’homme alité et amoindri, à nouveau présente dans « Les Proies », traverse la filmographie de Sofia Coppola : qu’il s’agisse du Bill Murray presque végétatif de « Lost in Translation » ou encore du Jason Schwartzman sexuellement inoffensif de « Marie-Antoinette ». Analyse d'un motif récurrent.