
« La Petite Dernière » de Hafsia Herzi : Du paternalisme cinématographique
La Petite Dernière, c'est la version banlieue des Dents de la mer, à propos de ce qu'en disait Serge Daney : un film de monstre, sur une sorte de monstre, un film sur une jeune femme hors-norme (banlieusarde mais intelligente, musulmane mais lesbienne), produisant un film conservateur au possible afin de permettre à la communauté – française et critique – de se réassurer fermement sur ses assises, de se resolidariser à l'endroit où suppuraient tous ses points de suture, quand tout irait à vau-l'eau.
« La Petite Dernière », un film de Hafsia Herzi (2025)
Selon Pascal, si l'homme était libre de ses actions, il serait ignorant des causes qui le déterminent. Le temps de son troisième film, La Petite Dernière, Hafsia Herzi est venue en trouver à Fatima, une jeune femme de 17 ans qui, selon le synopsis, « s'émancipe de sa famille et ses traditions » à travers son éveil au lesbianisme. Un cheminement le long duquel Fatima questionnera son « identité » – le mot est lâché –, tiraillée entre son homosexualité féminine et sa foi de pieuse musulmane.
La réception critique du film a été quasi unanime. Hafsia Herzi aurait réussi « un petit miracle de cinéma » (Les fiches du cinéma). Une fiction émouvante et transgressive. Ce qui témoignerait d'un vrai courage : il en faudrait pour traiter d'homosexualité et de religion avec tant de franchise, en banlieue, de surcroît. Hafsia Herzi aurait ainsi fait de son film un magnifique récit d’émancipation féminine et lesbienne. Elle érigerait « la remise en cause comme une valeur cardinale ». Avec délicatesse, « l'œuvre prônerait la tolérance ». Voilà qui plairait tant à la critique, un film « lumineux et gorgé d’espoir », « le portrait subtil d’une jeune banlieusarde en crise » qui « démolit les clichés avec une calme détermination ». Une « révolution », comme le dit la Une de Libération ? On répondra « involution ».
Ce quasi-unanimisme fait question. À regarder La Petite Dernière, vient le sentiment que la réception critique ne pouvait être que celle-ci. Comme si la question de l'identité d'une jeune femme arabe tétanisait la critique. Comme si elle était incapable de produire autre chose qu'un discours louangeur dès lors que pour le film, comme pour la critique, il était question de l'émancipation d'une jeune femme arabe musulmane, mâtinée de banlieue. Comment l'expliquer ?
En vérité, dans son organisation, son sujet, son traitement, La Petite Dernière produit un effet rhétorique puissant. Il donne à ne pas voir son véritable objet : produire un discours louangeur à l’égard de l'émancipation de cette jeune femme mais sans jamais prononcer lui-même cette louange, le film étant articulé sur le mutisme comme le mystère de Fatima, reconduisant celui, à la ville comme à l'écran, d'Hafsia Herzi. Un discours louangeur sur les vertus de l'émancipation de Fatima qui n'est pas n'importe quel type de discours : radicalement invisible en raison des trous dans le récit, il devient aussitôt désiré par le spectateur comme pour la critique. En somme, La Petite Dernière en devient un film curieux, son devoir de voir donnant à ne pas voir : son devoir de voir un certain nombre de problématiques – le tiraillement entre la foi et l'identité sexuelle d'une jeune femme arabe musulmane de banlieue –, son devoir de dire ou de re-dire – le film étant une adaptation d'un roman éponyme, celui de Fatima Daas –, son devoir de faire savoir, tous ces devoirs, donc, se tournent finalement en leur contraire pour produire un film qui donne à ne pas voir. Soit un film dont le film n'est pas dans le film. Un film Janus, double-face, à l'extérieur de lui-même. Sur quels éléments tangibles reposent donc le non-vu de La Petite Dernière, qui en structure pourtant le conscient comme l'inconscient, qui en font sa belle réception critique ?
Premier élément problématique, à l'instar de nombreux banlieues-films, Fatima n'est pas n'importe quel type de banlieusarde. Elle est une « bonne élève », qui pour cette raison même, en raison de son talent particulier, la situe au-dessus de la plèbe basanée. Il ne s'agit évidemment pas de nier qu'il n'y aurait pas de bons élèves dans les quartiers populaires. Le problème du film est de reposer sur un premier trope cinématographique problématique à l'égard de la banlieue, qui considère trop souvent que seul(e)s celles et ceux qui seraient différents, par leur travail, leur talent, leur génie, serait en mesure de s'extraire de la nasse pour ne pas faire masse.
Aussitôt, les conditions de visibilité de Fatima, une jeune femme arabo-lesbo-musulmane de France, sont aussitôt celles de l'invisibilité de tous les autres arabo-musulmans de banlieue, niés dans leur unicité. En voulant tendre vers le dépouillement de Fatima, pour la déconditionner de sa banlieue, de sa famille, de sa religion, le film décommunautarise en recommunautarisant Fatima au prix, toutefois, du grand silence social de tous les autres invertébrés, êtres rampants incapables de dignité faute d'intelligence et de mésalliance avec la norme arabo-musulmane. En retournant donc la peau du verbe de celle qui se voilait à l'instant de prier, La Petite Dernière jette un voile d'ignorance sur tous ceux qui ne pourront jamais être du voyage républicain, faute d'être suffisamment en intelligence avec lui.
Comme de nombreux autres banlieues-films relativement récents, à l'instar du Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh, Douce France de Geoffrey Couanon ou encore qu’Allah bénisse la France d'Abd-Al-Malik, La Petite Dernière s'intéresse, en effet, à une jeune femme de banlieue singulière, différente, la bonne élève du clan. Or cette différence a toujours pour hors-champ le territoire immense de ceux qui n'en sont pas, ce qui, au mieux les invisibilise, au pire les barbarise.
Au fond, bonne élève, aiguisant sa curiosité, donc son éveil, sa quête d'émancipation la rendrait différente des autres, soit apte à tout ce qui serait interdit au troupeau des arabes islamisés de France. La Petite Dernière ne déjoue pas ainsi l'écueil de l'exaltation à l’intégration à tout prix, une sorte d'appel au calme, presque une forme de contrition adressée à tous les névrosés du suicide français. Mais, traitée ainsi, Fatima en devient problématiquement l'exception – exceptionnelle qu'elle est – à la règle, soit la seule à pouvoir se désenliser de la banlieue. Consciemment ou non, La Petite Dernière fait la démonstration que, en banlieue, pour s’extraire de sa gangue, il faut être le meilleur, de façon inconditionnelle. Une seule voie de sortie, être hors-classe, déconditionné, un génie, Zidane, Debbouze, Omar Sy & Cie. Il ne faut plus être un enfant d'immigré mais devenir le « bon arabe » de service, qui finira « ongle incarné à force d'être intégré » (Rocé). Ce qui ne sera toutefois possible qu'aux meilleurs d'entre tous, dans une sorte de compétition à la francité consistant à sélectionner seuls ceux qui seront sauvés par la grâce de leurs dons.
Par exemple, dans Gagarine, le héros du film qui souhaite sauver son quartier de la destruction est ainsi présenté à rebours des clichés quand, au vrai, il les reconduit. Doux, gentil, poétique, il n’est que le double inversé du sauvageon. Le documentaire Douce France en reconduit le principe, qui porte son regard sur des jeunes de banlieue vertueux. Débarbarisés, pour se préoccuper enfin du sort de la planète. De la même façon, Fatima n'est pas tant celle qui aurait réussi à faire le pont entre des univers inconciliables – sa religion/sa sexualité – mais celle qui serait devenue la « bonne arabe » qu'aime tant les « français », musulmane, sans doute, mais convertie à la fête (la Gay Pride) comme à la philosophie.
En effet, deuxième trope, par où se sélectionnent les meilleurs élèves : l'usage de la philosophie dans le film. Fatima ne doit pas son apprentissage comme son épanouissement qu'à la seule force ailée de sa grâce, mais à la philosophie, dont nul n'ignore qu'au plan universitaire les élèves y présentent un plus haut degré d'homogénéité sociale que dans toutes les autres disciplines, pour tendre vers les classes sociales les plus favorisées, soit le meilleur de l'intégration républicaine. Ainsi voit-on Fatima sur les bancs de l'université, lors d'un cours de philosophie, où est ensaignée à la trop (encore) ensauvagée banlieusarde l'émancipation.
Le contrechamp de ce double arrachement à la banlieue est de signifier qu'une jeune femme ne peut s'en émanciper que sous la seule réserve d'en avoir le talent comme d'y être éveillée par l'effet d'une force contraire à son éducation, sa culture, pour redresser tout ce qui était courbe en elle – comme si la philosophie était étrangère à l'arabité comme à l'islamité. In fine, sous couvert d'émancipation, La Petite Dernière produit une forme paternalo-maternaliste de type républicain. Fatima serait comme impuissante face à la force bien supérieure des passions irrationnelles qui l'ont gagnées depuis bien trop longtemps, quoique plus intelligente que la moyenne du troupeau. Le combat contre elles serait perdu d’avance, sans l’aide surnaturelle d'un système éducatif prompt au redressement de torts infligés à la République comme à sa conscience. Par la grâce de l'université, Fatima se voit enfin dépurée de tout ce qui l'encombrait.
Toutefois, dans le film, son émancipation n'est pas encore tout à fait aboutie. Elle n'en est qu'au stade inaugural. Afin de parfaire sa chanson de geste, l'arrachement à sa condition ne sera rendu possible qu'en raison, comme dit l'époque, de son orientation sexuelle. Ce n'est qu'à la faveur de son lesbianisme que l'écart à la banlieue, mais aussi, cette fois, à l'islam, se réalisera. Or, la mécanique des fluides est ici répétée sur le plan cinématographique pour que s'opère la transmutation. Fatima, une nouvelle fois, n'est pas n'importe quel type de jeune femme musulmane en banlieue. Arabe, sans doute, tout comme elle possédait des prédispositions intellectuelles, elle est gay. Mais encore, cette gayté ne va pouvoir s'augmenter, sous la forme d'un obstacle-tremplin, qu'à la faveur d'une rencontre avec une femme bien plus mûre qu'elle, il va de soi, comme dans tout récit d'apprentissage. Une lesbienne qui orientera sa désorientation par les mots, lors d'une discussion, crue mais douce, pour lui re-faire son éducation. En dissidence, seule, Fatima peut alors rejoindre un groupe communiel, certes encore minoritaire – celui des lesbiennes –, mais ce choix obéit lui-même à une logique extractive. Pour la sortir du gauchissement de sa vie, de ses errements religieux, il fallait trouver une force subversive tout aussi puissante : à l'anormalité répondre par un autre type de non-conformité, pour rendre Fatima tout à fait conforme, soit lui appliquer une logique des contraires, dans l'espoir de lui désembuer le regard.

Reprenons, donc : l'islamité surmontée de l'arabité, en banlieue, ne peut se produire que sous l'effet de prédispositions « non-naturelles », du moins non-conformes à la norme (une bonne élève en banlieue et lesbienne). Mais encore faut-il, cependant, que ces prédispositions « non-naturelles » soient orientées positivement afin d'obtenir une totale émancipation de Fatima, du moins une négociation – de l'islam avec son lesbianisme – à l'avantage de la République. A contrario, sans ces prédispositions, soit pour la grande majorité des banlieusards musulmans typés, il n'y aurait point d'ouverture, par la disposition des choses comme l'effet de dame Nature, à bien suivre les implicites du film. Ce n'est que par un contre-effet de nature qu'il serait possible, au contraire, de sortir l'arabe de son orbe musulman comme de son arabité congénitale.
Le film, depuis son apparent degré d'ouverture comme son appel à la tolérance, produit alors l'inverse : un effet d'intolérance comme de resserrement articulé et enté sur des tropes coloniaux rejoués sur la scène cinématographique : la beurette si souvent sexy se transmue en mutique lesbienne, soit son double non pas antipode mais sa réalisation la plus achevée, qui a pour contre-champ l'arabe décolonisé consubstantiellement violent, incapable d'« intégration », ou, pour mieux dire, la « racaille » virilo-sarkozyenne.
La question qui n'est dès lors pas posée par La Petite Dernière, qui n'est pas posée tout court par le cinéma français : pourquoi l'« émancipation » des arabes musulmans de banlieue française doit-elle se produire nécessairement, est-il besoin d'ajouter par une extraction de leurs conditions/de leurs convictions/de leur culture, etc ? Pourquoi ladite « extraction » est-elle même le prérequis de leur « émancipation » ? Pourquoi ne pas imaginer des personnages qui devraient précisément leur « émancipation » à leur arabité, leur islamité, leur banlieueité ? Pourquoi ne pas penser, plus simplement, des personnages hors-nécessité de toute forme d'émancipation ? C'est que le cinéma français est incapable de penser autrement l'« arabe de service » que dans les rets d'un individu en dissidence avec son groupe communiel. Le cinéma français, ce faisant, se fait l'agent complice d'un discours typiquement républicain, qui se refuse à traiter les individus en les plaçant dans des communautés en raison de son idéalisme universel, mais qui, universalisant à outrance, ne fait jamais pourtant autrement que de renvoyer chacun à sa communauté.
Ce faisant, La Petite Dernière n'est plus un film. C'est un tract pour l'époque, qui l'accompagne, dont le message est formulé par Hafsia Herzi : « Il est important que les femmes lesbiennes musulmanes soient représentées et que des personnes puissent s'identifier à elle ». Un tract tangent à une logique intégrationniste destructrice, typique de celle de Ni Putes ni Soumises, qui a pour mot d'ordre : Libérez-vous !
Certes, La Petite Dernière s'efforce de produire des contre-clichés. Fatima n'évolue pas dans une famille patriarcalo-étouffante. Le père n'y est pas violent. Elle n'a pas davantage de frère, ce frère arabo-musulman si prompt au cinéma à jouer le kapo de service pour les besoins de la cause, préserver la pureté d'un sang toujours déjà impur, typiquement, 16 ans, de Philippe Lioret. Mais, à produire des contre-clichés, La Petite Dernière en produit de nouveaux, comme elle en reconduit certains.
Exemple paradigmatique, la relation amoureuse de Fatima ne se noue pas avec n'importe quel type de jeune femme. Fatima ne tombe pas, en effet, amoureuse d'une jeune femme blanche, mais de type asiatique. Hafsia Herzi s'efforce ainsi de déjouer un cliché. Mais, conséquemment, pour se défaire du piège du « sauveur blanc », ce contre-cliché en (re-)produit d'autres, bien plus problématiques. D'une part, ce choix pour une jeune femme de type asiatique, personnage fantomatique, qui a un rapport aux fantômes, qui disparaît du film puis réapparaît en sa fin, est un personnage sans aspérité, sans aucun centre noueux. Autrement dit, un personnage rond, raccord avec la représentation, en France, de la minorité asiatique, considérée non-problématique, contrepoint de la perception majoritaire de la minorité arabe. Un personnage panel, pour un film qui voudrait cocher toutes les cases du film sociologique, pour un produit United Colors of Benetton. Plus ennuyeux, ce contre-cliché fait démentir tout le film, qui repose sur l'idée d'émancipation. Car si cette jeune femme dont tombe amoureuse Fatima est de type asiatique, c'est donc qu'elle n'est pas de type arabe. Sous-entendu, si une telle union avait été rendue possible, c'eût été au prix de l'émancipation de Fatima, dont ladite émancipation ne pouvait advenir que du dehors, par l'école libératrice, une femme lesbienne initiatrice, une jeune femme asiatique non plus castratrice. Avec une jeune femme arabe, son émancipation eût été annulée, avalée dans son génie.
Au fond, l'idée même du film, soit que tout peut coexister sans frottement, produit l'effet inverse de celui escompté : tout ce qui est évité fait frottement. Son prétendu progressisme est anti-progressiste. La Petite Dernière dit ainsi une chose et son contraire. Il dé-dit ce qu’il dit. Lorsqu’il parle, il semble retirer ce qu’il vient de dire, non pas parce qu’il voile ce qu’il dit, soit parce qu’il interrompt abruptement sa parole dans les silences de Fatima, soit par refus de tout commentaire qui en expliciterait le sens (dont ne se prive pourtant pas Hafsia Herzi en entretien) ; plutôt, il dit l’exact contraire de ce qu’il souhaite dire. Comme dans la peinture de Raquel, tout travail de surface dans La Petite Dernière conduit à l’effacement de ce que le film se proposait d’y révéler.
Ainsi, pour l'immense majorité de la critique, le mystère de Fatima, son mutisme, ferait sa liberté. C'est oublier que pour toute forme de réponse aux problèmes existentiels de Fatima, Hafsia Herzi n'offre, en gros plan, que le visage de Fatima, comme si le visage était le lieu de la vérité/de sa vérité. C'est oublier que les visages sont parfois de « doux imposteurs », que dans tout visage il y a la moitié d'un traître. La critique surenchérit, en considérant que ce mutisme est à relier avec les trous dans le récit. Au fond, les motivations de Fatima nous demeureraient étrangères. Sur la forme, au plan de la mise en scène, cela se traduirait par des ellipses, nombreuses. Ainsi, par exemple, après la scène d'initiation de Fatima, par le verbe, au lesbianisme, la voit-on, scène suivante, dans une partie fine à trois. Rien ne semblerait faire lien entre ces deux moments (comment Fatima négocie-t-elle ce passage aux allures de multivers ?) quand la critique répond que, précisément, dans ce vide se jouerait l'espace de liberté de Fatima.
On peut y voir un autre effet. L'émancipation de Fatima devient, en vérité, sur le plan fictionnel, le lieu de son asservissement. Fatima n'est pas un personnage. C'est une idée. Une certaine idée de l'intégration à la républicaine, version drapeau tricolore bigarré. Le film devient le lieu de son empêchement à devenir un être de fiction, par où s'inventerait sa liberté. L'endroit de sa domestication lui interdit de s'inventer un autre destin que celui défini par l'horizon d'attente de la critique, qui semble synchrone de celui de l'époque, à travers la question de l'identité, que La Petite Dernière thématise.
Or, ce thème aplatit toute forme de liberté quand il faudrait se méfier du désir d’une harmonie sans faille qui risque toujours de bâcler l'unité, d’escamoter les différences, et d’aspirer à la trouble pureté du même. Au fond, le film ne fâche personne quand il faudrait encore produire de la dissonance. Il est impossible de réunir sous une même tête, fut-elle républicaine, tout ce qu’il y a de bon. Rassembler toutes les vérités et valeurs sous un même toit, c’est offrir en exemple des paladins introuvables, auxquels ne manque aucune excellence. En lieu et place de la dissonance, Hafsia Herzi, malgré ses intentions, camoufle la « cloche fêlée du malheur » de Baudelaire, la travestit, recoud patiemment la déchirure avec des lots de consolation pour chacun.
Finalement, La Petite Dernière, c'est la version banlieue des Dents de la mer, à propos de ce qu'en disait Serge Daney : un film de monstre, sur une sorte de monstre, au sens premier ; un film sur une jeune femme hors-norme (banlieusarde mais intelligente, musulmane mais lesbienne), qui produit un film conservateur au possible, permettant à la communauté française et critique de se réassurer fermement sur ses assises, de se resolidariser là où suppuraient tous ses points de suture le temps d'un film, pour se consoler. Mais se consoler de quoi, de qui ? Pourquoi des consolations, quand, selon le mot de Balzac, plus vives elles sont, plus elles élargissent le malheur ?
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