Lors de la sortie de « Elle » en 2016, de nombreux commentateurs et critiques ont accusé Verhoeven de faire l'apologie du viol. Une analyse s'impose afin de lever ce malentendu et évaluer les enjeux d'un film travesti par l'indignation morale.
Si Paul Verhoeven a rapidement gagné sa réputation de cinéaste de la violence, jusqu'à être affublé du surnom un brin ridicule de "Hollandais violent", ce n'est peut-être pas tant à cause de son appétence pour les scènes paroxysmiques et éprouvantes, que, plus fondamentalement, en raison de l'obsession qui le travaille de film en film : mettre en scène la vie même, dans tout le bruit et la fureur qui la traversent. Mais cette ambition ne serait pas des plus originales s'il ne l'associait étroitement à une éthique du regard dont l'exigence fait elle-même violence au médium cinématographique.