Logo du Rayon Vert Revue de cinéma en ligne

Paul Thomas Anderson

Cette collection de textes propose une analyse approfondie du cinéma de Paul Thomas Anderson, ses intensités et ses motifs, ses secrets et son évolution.

« Depuis The Master, Paul Thomas Anderson a décidé de multiplier au sein de ses architectures ambitionnant le monumental des percées et trouées comme autant de respirations, le souffle des attirances irrésistibles, des affinités inexplicables, des cristallisations échappant à tout contrôle ou maîtrise. Ces secrets font le sel de ses meilleurs films et certains titres en explicitent l’enjeu symbolique, du vice caché dans l’acquisition marchande d’un bien avec Inherent Vice au fil caché dans les coutures des plus belles créations de la mode dans Phantom Thread. ».

Paul Thomas Anderson est aussi un grand cinéaste de la séduction pour autant qu’il peut en compliquer les manifestations : « Quand la séduction est une anti-production, l’amour ravit en coïncidant avec ce qu’il est, autrement dit une exception à la norme, un secret qui met au défi la série des réflexes calculés, une flèche dans le mille même si sa course est brisée, une giclée qui n’est pas de sperme ou d’insultes à l’américaine mais d’une énergie qui a plus d’avenir que les carburants fossiles. Une jeunesse qui nous arrache de l’industrie des puérilités, l’enfance qui sauve d’une confiance retrouvée, depuis les peaux grasses et malgré les dents gâtées. »

Citations reprises du texte de Saad Chakali et Alexia Roux sur Licorice Pizza.

Mark Wahlberg et Julianne Moore s'embrassent dans Boogie Nights
Rayon vert

« Boogie Nights » de Paul Thomas Anderson : Incarnation industrielle

27 septembre 2025
Boogie Nights nous lance en plein visage, avec humour et à travers des personnes grotesques, les effets délétères d’une culture industrielle, où le porno dans les années 80 fait office de scène tragi-comique de la vie moderne. Ainsi, jamais les années 80, a priori enfiévrées et pleines de couleurs, n'auront procuré comme dans Boogie Nights un sentiment de pourriture et de mort.
Freddie (Joaquin Phoenix) le photographe, dans "The Master"
Rayon vert

« The Master » de Paul Thomas Anderson : Les visages du maître

19 septembre 2025
Au milieu de la filmographie de Paul Thomas Anderson, The Master explore le paysage intérieur de Freddie Quell – Joaquin Phoenix. S’il s’efforce de représenter visuellement la subjectivité du personnage central, celle-ci est traversée par d’autres visages qui tentent tant bien que mal de cohabiter dans le plan. Dans ces visages qui se cherchent se cache peut-être l'un des fils fantômes du cinéma andersonien.
Adam Sandler et Emily Watson en ombres chinoises dans "Punch-Drunk Love"
Rayon vert

« Punch-Drunk Love » de Paul Thomas Anderson : Le réenchantement du monde

19 septembre 2025
Punch-Drunk Love de Paul Thomas Anderson est un film qui, sous des apparences comiques et absurdes, cache une méditation sur la fragilité humaine, le poids du monde moderne et la possibilité rédemptrice de l’amour.
La relation "toxique" de Reynolds Woodcock (Daniel Day-Lewis) et Alma (Vicky Krieps)
Rayon vert

« Phantom Thread » de Paul Thomas Anderson : L’amour des champignons

19 septembre 2025
Le huitième long métrage de Paul Thomas Anderson poursuit une œuvre déjà largement consacrée par la critique et le public. Dans Phantom Thread, la figure de l’artiste est elle-même prise pour objet, dans la lignée de ce qui caractérise son œuvre : des récits foisonnants qui ouvrent sans cesse de nouvelles pistes et des jeux narratifs complexes. La relation de Reynolds et Alma, au-delà de seulement interroger la place de l’amour dans la vie de l’artiste solitaire, propose en fait le récit de l’inversion d’une relation de pouvoir, d’un homme toxique finalement empoisonné par une femme. C'est ainsi un récit sur la mode, une histoire d’amour, ou bien ni l’un ni l’autre, il avance par détours, en quête de ce fil fantôme qui unit ses personnages.
Alana Haim et Cooper Hoffman dans leur voiture dans Licorice Pizza
Rayon vert

« Licorice Pizza » de Paul Thomas Anderson : Toute affaire cessante, l’amour à contre-courant

14 janvier 2022
Paul Thomas Anderson est un cinéaste de la séduction pour autant qu’il peut en compliquer les manifestations. La séduction et ses complications sont sa grande obsession en l’autorisant à la subtilité consistant à subtiliser ses effets de séduction les mieux maîtrisés au profit d’expressions plus subtiles, vices inhérents et fils cachés des secrets. Licorice Pizza a le génie de mobiliser tous les moyens disponibles pour donner la sensation d’avoir ressuscité l’esprit d’une époque – les seventies – mais à rebrousse-poil de toute nostalgie. Le luxe est une dépense pour rien sinon pour la beauté du geste, la célébration de tous les présents, 1973 et 2021 qui regarde dans le rétroviseur de la jeunesse d’hier en reconnaissant le temps du début de la fin. La séduction est un luxe invitant au secret comme au défi. Ce mystère est la passion des personnages de Paul Thomas Anderson qui s’y adonnent malgré un monde préférant la séduction dans sa version marchande. La débandade d’une société qui a confondu la poursuite du bonheur avec la jouissance individuelle a déjà commencé. L’amour est là pourtant qui promet moins l’enflure des organes qu’un soulèvement de l’être tout entier. La vie quotidienne est la série des affaires courantes ; à contre-courant, toute affaire cessante, l’amour fait courir, diagonales et zébrures, syncopes et lignes brisées – des flèches toujours tirées par Cupidon.
Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis) assis devant un puit de pétrole en feu dans There Will Be Blood
Le Majeur en crise

« There Will Be Blood » de Paul Thomas Anderson : L’Ouest américain a-t-il perdu le Nord ?

11 janvier 2021
There Will Be Blood montre que, aussi profonde, aussi humaine, aussi spirituelle soit-elle, l’Amérique sera toujours en retard sur son rêve. Que la nature véritable de l’Amérique, c’est donc de ne pas en avoir, c’est-à-dire encore d’avoir toujours été désenchantée. La crise du rêve américain n’est donc pas son supplément, son appendice. Elle ne lui vient pas de dehors, n’est pas son extérieur. Elle est ce qui structure l’Amérique. Elle lui est consubstantielle. Sa crise, c’est sa normalité, sinon le film n’aurait jamais débuté dans les tréfonds de la terre.
Une scène de plage avec Joaquin Phoenix et Katherine Waterston dans Inherent Vice
Rayon vert

« Inherent Vice » de Paul Thomas Anderson : La Raison en Fumée

24 novembre 2018
Paranoïaques, hystériques, identitaires. Avec « Inherent Vice », Paul Thomas Anderson égrène les figures de la raison malheureuse et hystérique à l'ère du capitalisme. Et si le détective, cette figure grise, offrait quelques échappées - sous la forme de volutes cannabiques - à la subsomption intégralement désintégrative du capital ?