Logo du Rayon Vert Revue de cinéma en ligne

Albert Serra

Le cinéma d'Albert Serra se situe quelque part entre la contemplation, l'émerveillement face à la beauté des origines mais aussi la décomposition, l'embaumement et la vampirisation nécrophile.

Le Roi Soleil (Jean-Pierre Léaud) avec un enfant dans La Mort de Louis XIV
Esthétique

« La Mort de Louis XIV » de Albert Serra : Itinéraire d’un nécro-fils

29 novembre 2025
Le catafalque s’expose somptueux mais de quel enterrement de première classe alors s’agit-il ? On croyait la poignée de mains fraternelle, c’est un baiser de la mort. Il ne peut y avoir deux souverains comme il ne peut y avoir qu'un unique vainqueur dans l'arène, sa gloire dans le sang et la mort. Le souverain se meurt, pas l’État qu’il aura fait à son image et dont les gardiens sont les docteurs. Son acteur mourra aussi, pas le Cinéma qu’il emblématise, et qu’embaume le docte réalisateur. Celui qui a été Saint-Just le temps d’un Week-end chez Jean-Luc Godard en prophétisant Mai 68, est canonisé en souverain de droit divin quand le geste révolutionnaire confiait la souveraineté au peuple en décapitant le citoyen Capet. La pompe d’Albert Serra n’est réactionnaire qu’à se complaire en dandy dans la cure antirévolutionnaire. Hier, les ciné-fils étaient obsédés par la mort du cinéma, Wim Wenders et Serge Daney. Désormais, leurs héritiers en sont les croque-morts, la modernité gangrenée par les nécro-fils d’aujourd’hui.
Andrés Roca Rey dans l'arène dans Tardes de soledad de Albert Serra
Rayon vert

« Tardes de soledad » d'Albert Serra : La vie ne pèse rien

27 mars 2025
Tardes de soledad d’Albert Serra, ou « Après-midi de solitude » si l’on traduisait mot-à-mot, est un documentaire suivant le matador Andrés Roca Rey au cours de plusieurs combats successifs. Cherchant à représenter ce qu’il y a de plus essentiel dans la corrida, le réalisateur nous propose de nous immerger au cœur de l’arène où, comme le dira l’un des personnages, « la vie ne pèse rien ».
Benoît Magimel sur le balcon de sa maison dans Pacifiction
Rayon vert

« Pacifiction » d'Albert Serra : Présages du monde flottant

16 novembre 2022
La fiction, chez Albert Serra, a toujours été une interrogation. Comment la produire tout en conservant la dimension documentaire inhérente à l’image de cinéma ? Et que représenter, que penser avec elle ? Pacifiction - Tourment sur les îles porte bien son titre dans la mesure où il est un laboratoire pour la fiction. Ses formes sont employées pour penser la politique de notre temps, comme les grands maîtres classiques savaient le faire.
Helmut Berger dans la forêt de Liberté
Critique

« Liberté » d'Albert Serra : Le crépuscule des idoles

12 septembre 2019
Grevé par un dandysme moignon, « Liberté » d'Albert Serra égrène ce qu'il reste de transgression à une époque du capitalisme tardif où celle-là n’a plus cours, sinon dans les manières consensuelles et festives de sa simulation.